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anform !
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novembre - décembre 2014
Route du Rhum :
une course
à dormir debout ?
Bateau, boulot, dodo
10 à 15 jours de
traversée pour
relier Saint-Malo
à Pointe-à-Pitre.
90 participants.
Tous confrontés
à un problème
de taille : comment
tenir en dormant
le moins possible ?
PAR BRUNO COUTANT, PROFESSEUR
DE SPORT AU CREPS ANTILLES-GUYANE
forme
E
n mer, les marins doivent
assurer une veille quasi-per-
manente pour, à la fois, ga-
rantir leur sécurité et navi-
guer le plus vite possible.Et,malgré les
systèmes de veille dont ils disposent,
chaque moment passé à dormir est
un temps où le voilier navigue sans
contrôle, avec le risque permanent de
percuter un cargo…
DES ÉLÉPHANTS ROSES
Certains skippers sont tentés de faire
l’impasse sur ces temps de sommeil,
afin de prendre le large et faire la dif-
férence sur leurs concurrents.Un choix
qui peut être suicidaire car ils seront
tôt ou tard confrontés à une fatigue
extrême pouvant se traduire par des
endormissements incontrôlés, voire
des hallucinations.Elles correspondent
à des phénomènes hypnagogiques
qui accompagnent l'endormissement.
Dans cet état de rêve éveillé, des pen-
sées issues de l'inconscient s’entre-
mêlent à des éléments diffus de la
réalité.Un stimulus extérieur peut leur
permettre de reprendre instantané-
ment pied dans le réel mais en ayant
toujours l'impression d'une continuité
avec ces pensées. Conséquence, les
marins peuvent alors croire que la mer
est un pré avec des vaches ou des élé-
phants autour d’eux.Ce sont en réalité
les autres bateaux de la course ou un
cargo qui les croise !
UN SOMMEIL FRAGMENTÉ
Avant d’en arriver à cette situation
extrême, la fatigue générée par un
manque de sommeil aboutit à un état
d'hypovigilance très profond,source de
maladresses et d'erreurs qui nuisent à
la performance et à la sécurité.Dormir
étant incontournable, chaque skipper
se doit d’avoir une gestion intelligente
du sommeil pour récupérer le mieux
et le plus vite possible.Ce sont princi-
© AFP