

août - septembre 2015
•
anform !
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ma
santé
risque de maladie cardio-vasculaire.
Ils peuvent même favoriser la dengue
hémorragique. Ils doivent donc être uti-
lisés en connaissance de cause.
CONTRE
LES INFLAMMATIONS
Mais pas question de les bannir de
notre pharmacopée pour autant. Car
les anti-inflammatoires non stéroïdens
sont efficaces pour lutter contre les
symptômes désagréables et doulou-
reux des inflammations. Comment
fonctionnent-ils ? Lors d'une infection,
d'une blessure, ou après une opération
chirurgicale, l'organisme entreprend
de se défendre et de se réparer par
un processus inflammatoire : les tis-
sus gonflent, rougissent, le système
immunitaire est mobilisé (notamment
par l'augmentation de température)
pour répondre aux agresseurs (les mi-
crobes) ou cicatriser les tissus endom-
magés. Mais l'inflammation peut gê-
ner, notamment àcause de la douleur.
Il arrive aussi qu'elle s'installe et de-
vienne chronique, par exemple en cas
de rhumatisme, ou que la fièvre monte
trop. Les AINS sont alors capables de
bloquer le processus inflammatoire, en
empêchant le fonctionnement de l'une
des enzymes impliquées : la cyclo-oxy-
génase, alias “Cox”. Résultat, l'inflam-
mation diminue, la fièvre baisse, le
sang coagule moins bien.
NAUSÉES, VOMISSEMENTS…
“Sous les tropiques, les AINS sont à
prendreavecbeaucoupdeprécaution,
prévient
Maggy
Chevry-Nol,
pharmacienne.
Ils fluidifient lesanget,
encas dedengue, ils peuvent favoriser
l'aggravation sous forme de dengue
hémorragique, qui peut être mortelle.
Donc, si onamal àlatêteouque l'on
sesent fiévreux, il vaut mieuxéviter les
AINS et prendre du paracétamol.”
En
plus de cet effet, les AINS agressent
la muqueuse de l'estomac, ce qui
se traduit par des nausées, des
vomissements, des gastrites, voire des
ulcères. Il arrive aussi qu'ils provoquent
des réactions allergiques, des troubles
neurologiques, des œdèmes. En
augmentant la pression sanguine,
ils sollicitent plus le cœur et peuvent
augmenter le risque d'infarctus du
myocarde.
“Les AINS ne sont pas
recommandés pour les hypertendus”,
ajoute Maggy Chevry-Nol. La plupart
de ces effets indésirables surviennent
cependant chez des personnes qui
prennent des AINS à répétition, sur
plusieurs semaines ou plusieurs
mois. De plus, ils ne surviennent pas
systématiquement. Ils dépendent non
seulement de la molécule utilisée,
mais aussi du profil du malade.
Certains médicaments affectent plutôt
le système digestif et la coagulation,
d'autres le système cardio-vasculaire.
PAS À RÉPÉTITION
Seul votre médecin peut vous orienter
vers le bon médicament. Notamment
en tenant compte de votre état de san-
té. Si vous êtes sensible de l'estomac
(si vous avez déjà fait un ulcère, une
hernie hiatale ou une hémorragie di-
gestive), il saura que vous êtes suscep-
tible de développer un ulcère (dont les
premiers symptômes sont souvent peu
visibles). Si vous avez une insuffisance
cardiaque, que votre tension est éle-
vée, que vous avez déjàfait un infarc-
tus, un accident vasculaire cérébral ou
souffrez de diabète, il faudra surveiller
votre tension, pour vérifier que les AINS
ne la font pas trop augmenter. Votre
médecin s'inquiétera aussi de la santé
de vos reins, qui peuvent souffrir
de l'impact des AINS. La réduction
brutale de la quantité d'urine peut
être un signe d'insuffisance rénale.
Enfin, les AINS peuvent interagir avec
d'autres médicaments, qui aggrave-
Le conseil
du pharmacien
Prenez toujours votre
anti-inflammatoire
pendant un repas et
avec un liquide (un
verre d’eau, un bol de
soupe). Jamais à jeun !
En cas de douleurs
abdominales, arrêtez
le traitement et allez
consulter. Le médecin
pourra vous prescrire un
pansement gastrique.
raient leurs effets secondaires. Préve-
nez votre médecin notamment si vous
prenez des antidépresseurs, des anti-
coagulants, des corticoïdes... Les AINS
ne seront prescrits qu'avec grande pru-
dence aux personnes les plus fragiles.
Certains peuvent être indiqués aux
femmes en début de grossesse, mais
aucun après 24 semaines d'aménor-
rhée. Comme ces molécules passent
dans le lait, elles ne doivent pas être
prises par les femmes qui allaitent. Et
les personnes âgées, qui cumulent en
général plusieurs facteurs de risques
(tension élevée, cœur fatigué, reins
fragiles) ne les prendront que sous
haute surveillance.
“Ces médicaments
ne sont pas anodins du tout,
résume
MaggyChevry-Nol.
Il faut donctoujours
prendrel'avis dumédecin, ouaumoins
du pharmacien. Et surtout ne pas dé-
passer les doses !”
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