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août - septembre 2015

anform !

41

ma

santé

risque de maladie cardio-vasculaire.

Ils peuvent même favoriser la dengue

hémorragique. Ils doivent donc être uti-

lisés en connaissance de cause.

CONTRE

LES INFLAMMATIONS

Mais pas question de les bannir de

notre pharmacopée pour autant. Car

les anti-inflammatoires non stéroïdens

sont efficaces pour lutter contre les

symptômes désagréables et doulou-

reux des inflammations. Comment

fonctionnent-ils ? Lors d'une infection,

d'une blessure, ou après une opération

chirurgicale, l'organisme entreprend

de se défendre et de se réparer par

un processus inflammatoire : les tis-

sus gonflent, rougissent, le système

immunitaire est mobilisé (notamment

par l'augmentation de température)

pour répondre aux agresseurs (les mi-

crobes) ou cicatriser les tissus endom-

magés. Mais l'inflammation peut gê-

ner, notamment àcause de la douleur.

Il arrive aussi qu'elle s'installe et de-

vienne chronique, par exemple en cas

de rhumatisme, ou que la fièvre monte

trop. Les AINS sont alors capables de

bloquer le processus inflammatoire, en

empêchant le fonctionnement de l'une

des enzymes impliquées : la cyclo-oxy-

génase, alias “Cox”. Résultat, l'inflam-

mation diminue, la fièvre baisse, le

sang coagule moins bien.

NAUSÉES, VOMISSEMENTS…

“Sous les tropiques, les AINS sont à

prendreavecbeaucoupdeprécaution,

prévient

Maggy

Chevry-Nol,

pharmacienne.

Ils fluidifient lesanget,

encas dedengue, ils peuvent favoriser

l'aggravation sous forme de dengue

hémorragique, qui peut être mortelle.

Donc, si onamal àlatêteouque l'on

sesent fiévreux, il vaut mieuxéviter les

AINS et prendre du paracétamol.”

En

plus de cet effet, les AINS agressent

la muqueuse de l'estomac, ce qui

se traduit par des nausées, des

vomissements, des gastrites, voire des

ulcères. Il arrive aussi qu'ils provoquent

des réactions allergiques, des troubles

neurologiques, des œdèmes. En

augmentant la pression sanguine,

ils sollicitent plus le cœur et peuvent

augmenter le risque d'infarctus du

myocarde.

“Les AINS ne sont pas

recommandés pour les hypertendus”,

ajoute Maggy Chevry-Nol. La plupart

de ces effets indésirables surviennent

cependant chez des personnes qui

prennent des AINS à répétition, sur

plusieurs semaines ou plusieurs

mois. De plus, ils ne surviennent pas

systématiquement. Ils dépendent non

seulement de la molécule utilisée,

mais aussi du profil du malade.

Certains médicaments affectent plutôt

le système digestif et la coagulation,

d'autres le système cardio-vasculaire.

PAS À RÉPÉTITION

Seul votre médecin peut vous orienter

vers le bon médicament. Notamment

en tenant compte de votre état de san-

té. Si vous êtes sensible de l'estomac

(si vous avez déjà fait un ulcère, une

hernie hiatale ou une hémorragie di-

gestive), il saura que vous êtes suscep-

tible de développer un ulcère (dont les

premiers symptômes sont souvent peu

visibles). Si vous avez une insuffisance

cardiaque, que votre tension est éle-

vée, que vous avez déjàfait un infarc-

tus, un accident vasculaire cérébral ou

souffrez de diabète, il faudra surveiller

votre tension, pour vérifier que les AINS

ne la font pas trop augmenter. Votre

médecin s'inquiétera aussi de la santé

de vos reins, qui peuvent souffrir

de l'impact des AINS. La réduction

brutale de la quantité d'urine peut

être un signe d'insuffisance rénale.

Enfin, les AINS peuvent interagir avec

d'autres médicaments, qui aggrave-

Le conseil

du pharmacien

Prenez toujours votre

anti-inflammatoire

pendant un repas et

avec un liquide (un

verre d’eau, un bol de

soupe). Jamais à jeun !

En cas de douleurs

abdominales, arrêtez

le traitement et allez

consulter. Le médecin

pourra vous prescrire un

pansement gastrique.

raient leurs effets secondaires. Préve-

nez votre médecin notamment si vous

prenez des antidépresseurs, des anti-

coagulants, des corticoïdes... Les AINS

ne seront prescrits qu'avec grande pru-

dence aux personnes les plus fragiles.

Certains peuvent être indiqués aux

femmes en début de grossesse, mais

aucun après 24 semaines d'aménor-

rhée. Comme ces molécules passent

dans le lait, elles ne doivent pas être

prises par les femmes qui allaitent. Et

les personnes âgées, qui cumulent en

général plusieurs facteurs de risques

(tension élevée, cœur fatigué, reins

fragiles) ne les prendront que sous

haute surveillance.

“Ces médicaments

ne sont pas anodins du tout,

résume

MaggyChevry-Nol.

Il faut donctoujours

prendrel'avis dumédecin, ouaumoins

du pharmacien. Et surtout ne pas dé-

passer les doses !”

© IStockPhoto