

août - septembre 2015
•
anform !
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ma
santé
© IStockPhoto
S
i notre corps représentait
la Terre, ses habitants se-
raient les milliards de cel-
lules microbiennes qui la
peuplent. Devons-nous être dégoûtés
par cette idée ?
“Certainement pas”
,
affirme Patrick Schloss de l’Université
du Michigan. Ce chercheur fait en
effet partie d’un vaste programme vi-
sant àétudier les microbes que nous
portons sur et dans notre corps.
100 CONTRE 1
La proportion de cellules étrangères
du corps humain a été récemment
réévaluée àla hausse. Il y a 100 fois
plus de cellules microbiennes que
de cellules humaines dans notre
organisme. Un chiffre à donner le
vertige ! Évidemment tout est relatif.
Les cellules humaines grandes de
quelques centièmes de millimètre
sont 20 à 40 fois plus grandes que
les microbes communs. Connus aus-
si sous le nom poétique de “flore”
(intestinale, buccale, vaginale…),
l’ensemble de ces micro-organismes
(bactéries, levures, champignons,
virus) constitue le microbiote et vit
dans un environnement spécifique,
appelé microbiome. Il s’agit bien
d’une association intime, durable et
à bénéfice mutuel. Cette symbiose
présente un équilibre fragile entre
“bons” et “mauvais” micro-orga-
nismes. Si, aujourd’hui, ils sont pas-
sés à la loupe, c’est parce que de
nouvelles interactions étroites ont
été démontrées entre la flore bacté-
rienne et les cellules de nos organes.
Un déséquilibre de l'écosystème bac-
térien est impliqué dans l'apparition
et la progression de plusieurs mala-
dies comme l’obésité ou le cancer
du côlon. Des recherches internatio-
nales actuelles visent à explorer ce
monde caché car il pourrait bien être
la source de nouveaux remèdes.
UN TRAVAIL
COLLABORATIF
Le projet microbiome humain (
Human
Microbiome Project
) initié en 2007
par l’Institut national de santé amé-
ricain (NIH) a pour but d’établir le gé-
nome de chaque espèce de microbes
communs du corps humain. Divisé en
deux phases, ce projet vise d’une part
•••
Pré ou
probiotiques ?
L’enrichissement de
notre bonne flore
microbienne peut se
faire via l’alimentation,
par l’ingestion de
probiotiques ou de
prébiotiques. Les
probiotiques sont des
micro-organismes entiers
vivants que l’on trouve
dans des aliments, soit
parce qu’ils entrent
dans leur fabrication
traditionnelle (yaourts,
pain au levain, croûtes
de fromage) soit après
ajout artificiel en vue d’un
effet bénéfique sur notre
santé. Les prébiotiques,
eux, contiennent des
fractions de molécules
non digestibles par
l’organisme humain et
sont en quelque sorte
de la nourriture pour les
bactéries. Des exemples
de prébiotiques
naturels sont les fructo-
oligosacharides contenus
dans les bananes, l’ail,
ou les fructanes de la
salade frisée. Des études
sont nécessaires afin de
déterminer le rôle et le
mécanisme d’action de
ces additifs alimentaires,
notamment chez les
sujets sains.