

septembre - octobre 2016
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anform !
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tension artérielle, dans l'insuffisance
cardiaque et la prévention secondaire
après un infarctus du myocarde.
Autre crotalidé, cette fois présent en
Martinique, le
Bothrops lanceolatus
,
encore appelé le fer de lance est ob-
servé avec intérêt. L’étude fondamen-
tale de son venin pourrait aboutir à la
description de mécanismes nouveaux
en matière de thrombogénèse. Les
venins sont composés d’enzymes et
toxines d’une extraordinaire diversité
qui leur confèrent des facultés théra-
peutiques de premier ordre. La très
grande spécialisation des molécules
contenues dans les venins a permis
d’étudier de nombreux mécanismes
biochimiques, cellulaires, physiolo-
giques ou pharmacologiques dans
des disciplines aussi diverses que
l’allergologie, l’immunologie, la neu-
rologie et l’hématologie.
grenouille
et contractions
musculaires
Des
peptides
vasodilatatrices,
opioïdes (substance similaire à
l’opium) et antimicrobiennes ont été
isolées récemment dans les sécré-
tions cutanées de phylloméduse
bicolore. Elles confirment l’usage
fait par certains Amérindiens. Il a été
décrit que les sécrétions cutanées
de cet amphibien, mêlées à de la
salive, étaient appliquées sur la peau,
notamment au cours de la chasse,
pour augmenter leur succès, ainsi
que pour diminuer les sensations
de crampe lors du bandage de l'arc.
En médecine moderne, des alca-
loïdes de dendrobates (grenouilles
colorées présentes du Nicaragua
jusqu’au Brésil) comme la pumilio-
toxine pourraient renforcer les déficits
de la contraction musculaire, dont
souffrent les patients atteints de sclé-
rose en plaques.
curare et chirurgie
L’étymologie du curare nous indique
qu’il provient du
Galibi urari
, qui signi-
fie “la mort qui tue tout bas”. On com-
prend vite la dangerosité que revêt
cette substance née du mélange sa-
vant de liane et autres plantes d’Amé-
rique méridionale. Pourtant, son
usage en anesthésiologie est quasi-
systématique car le curare entraîne
le relâchement musculaire. Il est ainsi
administré en chirurgie abdominale
et thoracique, en chirurgie laryngée
pratiquée sous endoscopie, en chirur-
gie de l’œil et en orthopédie pour
les réductions de fractures difficiles.
Drogue des poètes au caractère cal-
mant et psychotrope, l’opium, qui
est au cœur d’un trafic mondial de
stupéfiants, est aussi cultivé lé-
galement en France comme
remède précieux de l'apo-
plexie cérébrale ou encore de la
constipation chronique.
sous haute
surveillance
La force des venins et poisons végé-
taux doit rappeler à chacun l’attention
qui doit être portée dans l’usage de
telles molécules. Le retrait, 30 ans
après la mise sur le marché de pré-
parations analgésiques contenant
des venins de naja ou de crotalus, ou
encore de la Forapin, extraite du venin
d’abeille, pour cause d’effets indési-
rables importants, est la preuve d’un
usage thérapeutique délicat et parfois
précoce. à l’heure actuelle, le débat
se poursuit : les curares sont parmi les
substances utilisées en anesthésiolo-
gie qui exposent au plus grand risque
de réaction allergique grave.
Fleurs d'opium séchées
Dendrobate, grenouille de
la forêt guyanaise
Serpents conservés au
musée Franconie de Cayenne
© marion briswalter, istock
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