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anform !
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septembre - octobre 2016
rine, un classique de notre armoire
à pharmacie. Prise à petites doses,
elle protège le système cardiovas-
culaire, notamment grâce à sa pro-
priété de fluidifier le sang. Mais chez
les hommes, elle diminue le risque
d'infarctus et, chez les femmes, celui
d'accidents vasculaires cérébraux.
effets secondaires
Le problème, c'est que ni la méde-
cine ni l'industrie pharmaceutique
ne prennent en compte ces diffé-
rences hommes/femmes. Lors de la
conception d'un médicament, les
essais cliniques sont majoritaire-
ment réalisés sur des cellules mas-
culines et sur des animaux mâles.
Pourquoi ?
“Il y a une tendance à
considérer que les cellules fémi-
nines ont un comportement plus va-
riable, sous l'effet des hormones. Et
on postule souvent que les résultats
obtenus sur des cellules masculines
peuvent être extrapolés aux cellules
féminines”,
poursuit Janine Clayton.
Or, ces postulats sont faux. Dans les
dernières phases de développement
des médicaments, au moment de
les tester sur les humains, l'iné-
galité continue. Les hommes sont
beaucoup plus souvent enrôlés
dans les essais cliniques que les
femmes. Pour des raisons cohé-
rentes, cette fois-ci. En effet, les cli-
niciens craignent que la volontaire
soit enceinte (sans le savoir) et que
l'essai affecte l'embryon.Par ailleurs,
la plupart des femmes suivent un
traitement contraceptif,qui peut inte-
ragir avec le médicament ou fausser
les
résultats.Lerésultat,c'est que les
doses de médicaments sont adap-
tées aux hommes. Or, les femmes se
montrent souvent plus sensibles à
leurs effets. Souvent surdosées, elles
développent plus d'effets secon-
daires.à l'université d'Erlangen (Alle-
magne), un groupe de médecins a
fait le compte. En observant l'impact
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© FUSe
“Les hommes
sont beaucoup
plus souvent
enrôlés dans les
essais cliniques
que les femmes.”