

décembre - janvier 2016
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anform !
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capable d'empoisonner le sang et les
tissus lorsqu'elle est produite en grande
quantité”
, explique Frédéric Laurent, co-
directeur du Centre national de référence
des staphylocoques (Lyon). La proliféra-
tion de ces souches particulières et leur
production massive de toxine “TSST-1”
conduisent au choc toxique staphylococ-
cique. Il peut être aussi favorisé chez des
personnes dont le système immunitaire
n'a pas appris à vivre avec cette souche
bactérienne.
MISES EN GARDE
Ce syndrome a été identifié dans les
années 1978 et, dès les années 1980,
on remarque qu'il se produit le plus sou-
vent chez des utilisatrices de tampons
pendant ou juste après leurs règles.
Cette prise de conscience a conduit
l'administration américaine chargée de
la commercialisation des produits ali-
mentaires et des médicaments (la FDA)
à déconseiller la commercialisation de
tampons trop absorbants, à obliger les
fabricants à insérer une mise en garde
sur le syndrome de choc toxique dans
leur notice, et à classer les tampons se-
lon leur degré d'absorption, afin que les
femmes utilisent le niveau minimal dont
elles ont besoin. Mais, comme beaucoup
de femmes, LaurenWasser n'avait jamais
fait attention à cette mise
en garde. Et ce jour-là,
les
staphylocoques
présents dans
son vagin ou
Du bon emploi
des tampons
hygiéniques
•
Se laver les mains
avant
de placer ou enlever un
tampon.
•
En changer
toutes
les 4 à 8 heures.
•
Ne pas les utiliser la
nuit.
•
Choisir la plus petite
taille
possible en
fonction de son flux
(super-absorbants,
normaux ou mini).
•
Penser à bien retirer
le dernier tampon
à la
fin des règles.
•
Ne pas en porter
en dehors des périodes
de menstruation.
•
Alterner avec des
serviettes
hygiéniques.
ma
santé
sur ses mains lors de l'introduction du
tampon ont proliféré et produit la toxine
TSST-1. La fièvre, les nausées, l'hypoten-
sion, les vomissements sont apparus. Son
système cardiovasculaire s'est mis à fonc-
tionner de manière anarchique, les vais-
seaux sanguins se sont dilatés, le sang
n'a plus circulé correctement, les tissus
ont commencé à manquer d'oxygène, de
nombreux organes, dont le cœur, mena-
çant de défaillir. Hospitalisée in extremis,
Lauren a été sauvée. Mais sa jambe, gan-
grenée, a dû être amputée. L'extrémité
de sa deuxième jambe est également en
mauvais état.
RETIRER LE TAMPON
ET CONSULTER
Si ce scénario extrême est effrayant, il
reste rarissime. Selon Frédéric Laurent,
“chaque année, une vingtaine de cas de
chocs toxiques staphylococciques suite
au port de tampons nous sont rappor-
tés en France. La mortalité est d'environ
5 %”
. Ce centre a par ailleurs recensé un
cas dûau port d'une coupe menstruelle.
Mais l'histoire de Lauren Wasser permet
de rappeler aux utilisatrices de tampons
qu'elles doivent respecter des règles d'hy-
giène simples (voir encadré). Et en cas de
forte fièvre, de vomissement, d'éruption
cutanée, de nausées ou de sensation
profonde de mal-être au moment des
règles (symptômes qui apparaissent en
général 3 à 5 jours après l'infection), il y
a 2 choses à faire : retirer le tampon et
consulter.