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février - mars 2015

dans un vase, et un vase sur chaque

table. Ellecoupe, trie, remplit levase

d’eau.

“Nous n’avons pas de dînette.

Ici, tout est vrai : les vases, les ci-

seaux, la bougie et les allumettes.

Même le fer à repasser (qui reste blo-

qué sur minimum),

explique Sébas-

tien Bellamy.

Cela responsabilise les

enfants.”

Alors que plusieurs enfants

travaillent seuls, d’autres peuvent

être accompagnés ponctuellement.

Enplus deSébastien Bellamy, 2 édu-

catrices sont présentes. L’uneest une

auxiliaire de vie scolaire individuelle

qui partagesajournéeentre2enfants

endifficulté. L’autreest en formation.

Tao, 5 ans, achoisi une pochette de

son : le“in”. Sébastien leguide, sans

souffler les réponses, et s’absentede

temps en temps pour répondreàune

autredemande. Un enfant observeet

intervient de temps àautre.

10 h

Aucune sonnerie ne retentit. “

Maria

Montessori, qui a créé cette pédago-

gie, a mis en évidence que les enfants

se concentrent sur un temps long de

2 h 30, et qu’un pic de concentration

vient au bout de 2 h. Il n’y a donc pas

de récréation, car cela reviendrait à

casser cette dynamique,

explique le

directeur.

Par ailleurs, les enfants n’en

ressentent pas le besoin car ils sont

dans le mouvement tout le temps.”

Alors que la colonne des “in”, “ain”,

“ein” ou “en” s’affine, deux pipelettes

de 4 ans choisissent aussi de s’atta-

quer aux lettres dans un autre coin de

l’espace, appelé la “case marmaille”.

“On respecte les périodes sensibles

de l’enfant et on constate un pic de

prédisposition à l’acquisition du lan-

gage et de ses codes (lecture, écriture)

autour de 4 ans”,

soulignel’éducateur.

Romane et Clara décodent tranquil-

lement les cartes qu’elles piochent à

tour derôleet les placent sous lalettre

correspondante. Elles manipulent,

articulent, s’écoutent, et cela dure.

Lorsquel’atelier est terminéet qu’il faut

ranger, les deux filles rechignent un

peu. Mais finissent par le faire.

“Nous

ne cherchons pas à en faire des singes

savants,

souligne le directeur.

Nous

mettons en place un milieu qui favorise

l’autonomie et la confiance. Le rapport

à l’apprentissage repose plus sur le

plaisir que sur l’obligation.”

10 h 30

C’est l’heure du jardinage pour

2moyens, Esther et Léo. Les 2 enfants

s’équipent. Tabliers, bottes et cha-

peaux. Esther est chargée demontrer

à Léo comment faire. Ce dernier n’a

pas encore obtenu la liberté d’aller

seul au potager. On bine un peu, on

arrose, on joue aussi. Par la fenêtre,

Sébastien jetteunœil mais, làencore,

laconfianceest respectée. Àl’intérieur,

les carottes et concombres coupés par

l’enfant chargédelacollationarrivent.

Chacun mange quand il le souhaite.

“Les règles s’apprennent sur 3 années.

Ensuite, c’est de l’autodiscipline et cela

fait partie des apprentissages”,

explique

Sébastien Bellamy. Chez les grands

(7-12 ans), justeàcôté, 10 élèves tra-

vaillent dans le calme, accompagnés

de Mathilde, leur éducatrice. Cette

ancienneinstitutriceatrouvédans cette

écoleuncadrequi lui permet delaisser

àl’enfant lapossibilitéd’être lemoteur

de son apprentissage.

“Avant, j’avais

l’impression d’aller dans le mauvais

sens. Ici, les enfants apprennent à faire

Esther est

chargée

de s'occuper

du jardin.

Pas de dînette,

tout est vrai,

même les

allumettes.

Tabliers, bottes... On bine un peu,

on arrose, on joue aussi. Esther est chargée

de montrer à Léo comment faire.

nos

enfants