

54
anform !
•
février - mars 2015
dans un vase, et un vase sur chaque
table. Ellecoupe, trie, remplit levase
d’eau.
“Nous n’avons pas de dînette.
Ici, tout est vrai : les vases, les ci-
seaux, la bougie et les allumettes.
Même le fer à repasser (qui reste blo-
qué sur minimum),
explique Sébas-
tien Bellamy.
Cela responsabilise les
enfants.”
Alors que plusieurs enfants
travaillent seuls, d’autres peuvent
être accompagnés ponctuellement.
Enplus deSébastien Bellamy, 2 édu-
catrices sont présentes. L’uneest une
auxiliaire de vie scolaire individuelle
qui partagesajournéeentre2enfants
endifficulté. L’autreest en formation.
Tao, 5 ans, achoisi une pochette de
son : le“in”. Sébastien leguide, sans
souffler les réponses, et s’absentede
temps en temps pour répondreàune
autredemande. Un enfant observeet
intervient de temps àautre.
10 h
Aucune sonnerie ne retentit. “
Maria
Montessori, qui a créé cette pédago-
gie, a mis en évidence que les enfants
se concentrent sur un temps long de
2 h 30, et qu’un pic de concentration
vient au bout de 2 h. Il n’y a donc pas
de récréation, car cela reviendrait à
casser cette dynamique,
explique le
directeur.
Par ailleurs, les enfants n’en
ressentent pas le besoin car ils sont
dans le mouvement tout le temps.”
Alors que la colonne des “in”, “ain”,
“ein” ou “en” s’affine, deux pipelettes
de 4 ans choisissent aussi de s’atta-
quer aux lettres dans un autre coin de
l’espace, appelé la “case marmaille”.
“On respecte les périodes sensibles
de l’enfant et on constate un pic de
prédisposition à l’acquisition du lan-
gage et de ses codes (lecture, écriture)
autour de 4 ans”,
soulignel’éducateur.
Romane et Clara décodent tranquil-
lement les cartes qu’elles piochent à
tour derôleet les placent sous lalettre
correspondante. Elles manipulent,
articulent, s’écoutent, et cela dure.
Lorsquel’atelier est terminéet qu’il faut
ranger, les deux filles rechignent un
peu. Mais finissent par le faire.
“Nous
ne cherchons pas à en faire des singes
savants,
souligne le directeur.
Nous
mettons en place un milieu qui favorise
l’autonomie et la confiance. Le rapport
à l’apprentissage repose plus sur le
plaisir que sur l’obligation.”
10 h 30
C’est l’heure du jardinage pour
2moyens, Esther et Léo. Les 2 enfants
s’équipent. Tabliers, bottes et cha-
peaux. Esther est chargée demontrer
à Léo comment faire. Ce dernier n’a
pas encore obtenu la liberté d’aller
seul au potager. On bine un peu, on
arrose, on joue aussi. Par la fenêtre,
Sébastien jetteunœil mais, làencore,
laconfianceest respectée. Àl’intérieur,
les carottes et concombres coupés par
l’enfant chargédelacollationarrivent.
Chacun mange quand il le souhaite.
“Les règles s’apprennent sur 3 années.
Ensuite, c’est de l’autodiscipline et cela
fait partie des apprentissages”,
explique
Sébastien Bellamy. Chez les grands
(7-12 ans), justeàcôté, 10 élèves tra-
vaillent dans le calme, accompagnés
de Mathilde, leur éducatrice. Cette
ancienneinstitutriceatrouvédans cette
écoleuncadrequi lui permet delaisser
àl’enfant lapossibilitéd’être lemoteur
de son apprentissage.
“Avant, j’avais
l’impression d’aller dans le mauvais
sens. Ici, les enfants apprennent à faire
Esther est
chargée
de s'occuper
du jardin.
Pas de dînette,
tout est vrai,
même les
allumettes.
Tabliers, bottes... On bine un peu,
on arrose, on joue aussi. Esther est chargée
de montrer à Léo comment faire.
nos
enfants