

décembre - janvier 2015
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anform !
87
psycho
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Qui a peur de l’avion ?
Je me souviens d’un chef d’entreprise
terrorisé à l’idée de prendre l’avion. Il
préférait envoyer ses collaborateurs.
Les hommes semblent davantage
concernés par la peur de l’avion. Les
enfants, eux, ont rarement peur. Au
contraire, quand il y a des turbulences,
ils s’imaginent dans un manège et ras-
surent même leurs parents. La plupart
des enfants sont d’ailleurs passionnés
par tout ce qui vole (oiseaux, avions,
fusées...). Beaucoup rêvent de devenir
pilote.
d’où vient cette peur ?
Les origines sont très diverses. Il y a :
• ceux qui ont un jour vécu un mau-
vais vol (de sévères turbulences, un
bruit inquiétant…)et ressenti un stress
important ;
• ceux que l’on appelle “les terriens”.
Ils éprouvent un profond mal-être dès
que l’avion s’envole. Ils ont peur de
perdre le contact avec le sol, ne sup-
portent pas l’altitude et ses sensations ;
• ceux qui ont peur de l’inconnu. Ils
ne connaissent pas le fonctionnement
d’un avion ;
• ceux qui sont habitués à tout contrô-
ler et qui ne supportent pas de ne rien
maîtriser ;
• ceux qui sont anxieux. Ils sont angois-
sés dès qu’ils entendent un bruit et se
font vite des films.
Les solutions sont-elles
les mêmes pour tous ?
“Les terriens” sont peut-être les plus
difficiles à maîtriser car c’est patho-
logique. Ils ont parfois des migraines,
des vertiges, des nausées ou pleurent.
Ils peuvent avoir besoin de suivre une
thérapie spécifique contre l’aviophobie.
Pour ceux qui ont peur par méconnais-
sance technique, il faut les informer au
maximum sur la mécanique d’un avion
et les phénomènes météorologiques.
C’est une peur plus facile à gérer. Les
anxieux doivent apprendre à maîtriser
leurs émotions et pensées négatives.
Ils sont calmés par les réponses du per-
sonnel de bord. Enfin, il suffit d’apporter
à ceux qui aiment garder le contrôle, la
preuve de la formation supérieure et
continue des pilotes.
en vol, comment gérez-vous
ces personnes ?
On reconnaît de loin les passagers
qui ont peur. Certains ont des sueurs
froides, les mains tremblantes. Les
hôtesses et stewards sont très péda-
gogues. On leur pose des questions
pour identifier leur peur, on va souvent
les voir… On installe une relation de
confiance. Dès qu’ils sentent qu’ils
ont une écoute, ils se détendent. Par
exemple, quand on sait qu’il va y avoir
de fortes turbulences, on les prévient.
Anticiper et informer, c’est capital !
2 QUESTIONS À…
Philippe Martin,
chef pilote
Qu’est-ce qu’une turbulence ?
Elles sont dues à des déplace-
ments de volumes d’air dans
l’atmosphère. Dans 80 % des
cas, elles sont prévisibles. Les
avions et les ailes sont conçus
pour les supporter. C’est le
principe du roseau qui plie
mais ne rompt pas.
• Les turbulences dues aux
reliefs. La masse d’air est per-
turbée par le relief.
• Les turbulences dues aux
nuages. Un nuage est un dépla-
cement d’air vertical. Certains
nuages, comme le cumulonim-
bus, sont dangereux. Ils ont
une forme de champignon et
génèrent des orages que les
pilotes évitent soigneusement
grâce aux radars.
• Les turbulences en ciel clair.
Plus difficile à repérer, elles
sont dues à des déplacements
de courants-jets (des tubes
de vents forts pouvant aller à
300 km/h).
Qu’est-ce qu’un trou d’air ?
Le trou d’air au sens littéral du
terme n’existe pas. Il n’y a pas
de “trous” dans l’atmosphère !
C’est en fait une turbulence
plus forte que les autres.