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décembre - janvier 2015

anform !

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psycho

•••

Qui a peur de l’avion ?

Je me souviens d’un chef d’entreprise

terrorisé à l’idée de prendre l’avion. Il

préférait envoyer ses collaborateurs.

Les hommes semblent davantage

concernés par la peur de l’avion. Les

enfants, eux, ont rarement peur. Au

contraire, quand il y a des turbulences,

ils s’imaginent dans un manège et ras-

surent même leurs parents. La plupart

des enfants sont d’ailleurs passionnés

par tout ce qui vole (oiseaux, avions,

fusées...). Beaucoup rêvent de devenir

pilote.

d’où vient cette peur ?

Les origines sont très diverses. Il y a :

• ceux qui ont un jour vécu un mau-

vais vol (de sévères turbulences, un

bruit inquiétant…)et ressenti un stress

important ;

• ceux que l’on appelle “les terriens”.

Ils éprouvent un profond mal-être dès

que l’avion s’envole. Ils ont peur de

perdre le contact avec le sol, ne sup-

portent pas l’altitude et ses sensations ;

• ceux qui ont peur de l’inconnu. Ils

ne connaissent pas le fonctionnement

d’un avion ;

• ceux qui sont habitués à tout contrô-

ler et qui ne supportent pas de ne rien

maîtriser ;

• ceux qui sont anxieux. Ils sont angois-

sés dès qu’ils entendent un bruit et se

font vite des films.

Les solutions sont-elles

les mêmes pour tous ?

“Les terriens” sont peut-être les plus

difficiles à maîtriser car c’est patho-

logique. Ils ont parfois des migraines,

des vertiges, des nausées ou pleurent.

Ils peuvent avoir besoin de suivre une

thérapie spécifique contre l’aviophobie.

Pour ceux qui ont peur par méconnais-

sance technique, il faut les informer au

maximum sur la mécanique d’un avion

et les phénomènes météorologiques.

C’est une peur plus facile à gérer. Les

anxieux doivent apprendre à maîtriser

leurs émotions et pensées négatives.

Ils sont calmés par les réponses du per-

sonnel de bord. Enfin, il suffit d’apporter

à ceux qui aiment garder le contrôle, la

preuve de la formation supérieure et

continue des pilotes.

en vol, comment gérez-vous

ces personnes ?

On reconnaît de loin les passagers

qui ont peur. Certains ont des sueurs

froides, les mains tremblantes. Les

hôtesses et stewards sont très péda-

gogues. On leur pose des questions

pour identifier leur peur, on va souvent

les voir… On installe une relation de

confiance. Dès qu’ils sentent qu’ils

ont une écoute, ils se détendent. Par

exemple, quand on sait qu’il va y avoir

de fortes turbulences, on les prévient.

Anticiper et informer, c’est capital !

2 QUESTIONS À…

Philippe Martin,

chef pilote

Qu’est-ce qu’une turbulence ?

Elles sont dues à des déplace-

ments de volumes d’air dans

l’atmosphère. Dans 80 % des

cas, elles sont prévisibles. Les

avions et les ailes sont conçus

pour les supporter. C’est le

principe du roseau qui plie

mais ne rompt pas.

• Les turbulences dues aux

reliefs. La masse d’air est per-

turbée par le relief.

• Les turbulences dues aux

nuages. Un nuage est un dépla-

cement d’air vertical. Certains

nuages, comme le cumulonim-

bus, sont dangereux. Ils ont

une forme de champignon et

génèrent des orages que les

pilotes évitent soigneusement

grâce aux radars.

• Les turbulences en ciel clair.

Plus difficile à repérer, elles

sont dues à des déplacements

de courants-jets (des tubes

de vents forts pouvant aller à

300 km/h).

Qu’est-ce qu’un trou d’air ?

Le trou d’air au sens littéral du

terme n’existe pas. Il n’y a pas

de “trous” dans l’atmosphère !

C’est en fait une turbulence

plus forte que les autres.