octobre - novembre 2014
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anform !
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nos
enfants
© stockBYtE
tition” qui vous attendait. Deuxième
couche quand votre beau-frère den-
tiste a évoqué un appareil avec une
plaque sur le palais, censé empêcher
la succion du pouce qui ne manquerait
pas, selon lui, de remplacer un jour la
tétine… Alors vous avez tranché dans
le vif. À 3 ans, avant la rentrée des
classes, fin de la tétinomania. Pour
cela, un soir, après une douce jour-
née de vacances, vous avez convaincu
votre enfant de la mettre à la poubelle,
le félicitant d’être aussi grand. Après
quelques insomnies –et même une vi-
site à la pharmacie de garde en pleine
nuit pour en racheter une– Bibou a
accepté la fatalité, s’est mis à téter sa
langue puis son pouce, et a finalement
arrêté. Même pas mal. Avec le recul,
vous avez alors réalisé qu’il n’y avait
pas de réel souci avec l’objet de plas-
tique. Avec modération, elle apaise,
console, rassure et même stimule. En
mode 24/24, pour reprendre la phrase
du psychiatre Pierre Delion, elle
“ferme
la bouche des enfants et bouche les
oreilles des parents”
. Tout est, encore
une fois, question d’usage.
3 QUESTIONS À...
Rachel Alvarez,
sage-femme,
et au
Dr Marc Bertsch,
pédiatre.
Hygiène ?
La stériliser avant la première
utilisation. Ensuite, savon et eau
suffisent. La changer tous les
2 mois. Attention aux dermites
irritatives quand la tétine reste
collée sur la bouche en perma-
nence.
Soucis ORL et dentaires ?
Les soucis dentaires sont les
mêmes qu’avec le pouce. Les
otites moyennes sont deux fois
plus élevées avec la tétine qui
entrave le bon fonctionnement
de la trompe d’Eustache.
Tétine = dépendance ?
cela dépend des enfants.
Prenez votre bébé dans les
bras quand c’est possible et
considérez la tétine seulement
comme un relais. Réservez-la au
lit et aux moments difficiles. Elle
ne doit pas devenir la réponse
à tous les pleurs. Et n’est pas
là pour clouer le bec. c’est
en pleurant et en gazouillant
qu’on apprend à communiquer.
Laissez votre enfant découvrir
les mille usages de sa bouche,
langue et larynx. La tétine ne
doit pas limiter son exploration
du monde, qui se fait au départ
en portant tout à la bouche.
le haut-parleur hurlant, le calme est
revenu... et les vrais ennuis ont com-
mencé.Dès la première nuit, en effet, le
ramassage de tétine est devenu votre
sport nocturne de prédilection. Pour
arriver avant les hurlements, vous vous
êtes mis à guetter fébrilement le bruit
caractéristique de la tétine tombant sur
le parquet flottant. Poc ! Vous en avez
placé un chapelet dans le lit, et même
un modèle phosphorescent, espérant
que bébé y arriverait seul. Raté. Pour
cela,il faut attendre la première bougie,
a répondu le pédiatre.
TÉTINE ET DÉPENDANCE
Vous avez fixé sa préférée avec des
velcros sur le pyjama, puis avec un
attache-sucette à clip. Et de mois en
mois, vous avez réalisé que cet obscur
objet du désir avait pris une place in-
croyable, y compris sur toutes les pho-
tos, comme un appareil dentaire avant
l’heure… qui donnait au passage à
votre innocent bout de chou un air un
peu idiot. Les doutes se sont confirmés
quand une amie orthophoniste vous a
parlé de la “rééducation de la déglu-