octobre - novembre 2014
•
anform !
53
ma
santé
© WAVEBREAKMEDIA
Johnny Fontaine,
52 ans, 3 AVC
À la clinique des tamarins, au
Port, depuis une dizaine de
jours, Johnny a eu le temps de
réfléchir à ce qui lui est arrivé. En
10 ans, il a fait 2 récidives, dont
une très sérieuse. “La première
fois, il y a 10 ans, je ne savais
rien, raconte ce policier. J’avais
42 ans, j’étais sportif, en bonne
santé, je faisais partie d’un
groupe d’enquêteurs. En sor-
tant du boulot, je me suis senti
fatigué, je n’arrivais plus à taper
les bonnes lettres sur le clavier.”
Avant de rentrer chez lui pour se
reposer, il passe par le bar d’en
face, avec ses collègues. puis il
dîne avec sa femme, mais quand
sa jambe ne répond plus, il s’in-
quiète enfin et appelle l’hôpital.
“On m’a dit que j’avais fait un
AVC, le monde s’est écroulé et
36 000 questions me sont venues
dans la tête.” il lui faudra 14 mois
de rééducation intense avant de
pouvoir récupérer et reprendre
le travail. “Je me suis dit que
j’avais de la chance de ne pas y
être resté. Et puis, la vie a repris
son cours, presque comme avant
mais avec des médicaments en
plus.” 10 ans plus tard —et après
une alerte en 2012—, alors que
Johnny Fontaine cuisine un bon
civet de canard chez lui, il sent
sa jambe le lâcher. “J’étais tout
à fait conscient de faire un AVC.
J’ai immédiatement dit à ma
femme d’appeler les secours et
j’ai été pris en charge rapide-
ment. Je sais que j’ai eu beau-
coup de chance, et c’est grâce
au temps que je n’ai pas perdu
cette fois-ci.” ce troisième AVc,
c’est comme un choc électrique
pour Johnny Fontaine : “Ma vie
n’est plus et ne sera plus jamais
la même (Ndlr : Il souffre d’une
hémiplégie du côté droit). Même
si on me dit que je ne récupére-
rai pas plus que ça, je signe tout
de suite. Je veux profiter de mes
enfants, de mes petits-enfants.
Je veux vivre. Et je veux m’enga-
ger pour qu’on arrête le mas-
sacre. L’AVC tue, ici plus qu’en
Métropole, et on ne le sait pas.
On mange mal, on boit trop, on
vit à 100 à l’heure. Il faut changer
ça.”
“Je veux m’engager. Il faut arrêter le massacre !”
Jocelyne Rivet,
64 ans, aidante
Le 6 janvier 2013, alors qu’il jardine dans son petit terrain de Bras-
creux, André Rivet tombe à la renverse et n’arrive plus à parler. “Je
croyais qu’il avait un coup de chaleur. Alors, on a attendu un peu. Je
l’ai rafraîchi, mais c’était de pire en pire”, explique sa femme Jocelyne.
André a fait un AVc sévère. 18 mois plus tard, il parle à peine et ne
déglutit pas. Mais les progrès sont réels. “Après l’hospitalisation, du
jour au lendemain, je me suis retrouvée à la maison avec lui, sans savoir
quoi faire. J’ai appris sur le tas mais au départ c’était très dur. Je ne
connaissais personne capable de me guider.” Jocelyne se lève quoti-
diennement à minuit pour charger la perfusion de son mari en antibio-
tique. Elle est capable de lui donner les soins dont il a besoin. Mais à
quel prix ? “Je n’ai pas pris un jour de vacances depuis son accident.
J’avais peur de le laisser. Et puis j’ai rencontré une psychologue qui
m’a beaucoup aidée. Elle m’a rassurée. J’ai pu parler. Et je suis partie
quelques jours. Si les groupes de parole avaient existé avant, je pense
que je n’aurais pas été aussi perdue face à cette maladie.”
“Avant que cela ne nous arrive, je n’avais
jamais entendu parler de l’AVC.”
handicap moteur, perte d’autonomie
temporaire ou définitive, aphasie.
“Cette perte d’autonomie impacte
bien sûr la vie sociale, professionnelle
et sexuelle, des patients. Les consé-
quences peuvent arriver à distance
et le rôle du médecin traitant est très
important,
souligne Julien Dufour.
La
prise en charge des patients néces-
site donc le concours des centres de
rééducation puis des professionnels
libéraux pour prévenir les complica-
tions, limiter les déficiences et aider
l’individu à s’adapter. C’est là que
les groupes de parole prennent toute
leur place. Les patients et les aidants
ont besoin d’être entourés pour éviter
l’épuisement et prévenir les dépres-
sions.”
Informations France AVC Réunion : 069281 40 33