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© BARBARA KELLER

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anform !

novembre - décembre 2015

La récolte

Le manioc se récolte lorsque ses

feuilles ont atteint une hauteur

d’homme. Si l’on tarde trop, la

racine se transforme en bois ! Pour

trouver les racines, il faut fouiller la

terre, puis les couper à la machette.

Après avoir déterré plusieurs gros

bulbes, nous en remplissons deux

gros sacs et nous préparons pour la

corvée d’épluchage.

L’épluchage

Les racines sont lavées avant d’être

râpées. Man Alphonse possède

encore des râpes antan lontan,

fabriquées par son grand-père, avec

des plaques de cuivre perforées et

clouées sur des planches de bois.

Mais cette fois-ci, elle utilise une

machine inédite, bricolée il y a près

de 30 ans par Philippe, son père,

joyeux nonagénaire. Composée

d’un vieux moteur électrique et de

rouages, elle fait encore bien l’af-

faire ! Mais pour réduire en copeaux

les quelques kilos de racines, il nous

faudra compter 2 h…

La production

de moussache

Une fois le manioc râpé, le travail

est loin d’être terminé ! La pulpe de

manioc est noyée d’eau et pressée

à la main. Ce travail laborieux per-

met surtout de produire de la mous-

sache, ingrédient essentiel pour cui-

siner les fameuses kassaves. Elle est

aussi utilisée en poudre pour ses pro-

priétés adoucissantes et apaisantes

pour la peau. La bassine contenant

le “jus du manioc” passera la nuit

à décanter. Le lendemain, on retire

l’eau en surface. Au fond, s’est

déposée une pâte blanche qui res-

semble fort à du lait de coco. Si on

la laisse sécher au soleil durant une

semaine, on obtient une poudre très

fine qui rappelle le bicarbonate ou

le talc. Elle s’applique en emplâtre

en cas de boutons de chaleur, irri-

tations, et rend la peau très douce.

Elle sert aussi à amidonner le linge.

La pulpe pressée à la main, quant à

elle, est stockée dans un sac tressé

qui passera la nuit sous presse afin

d’en extraire tout le liquide.

nutrition

Manioc doux

on distingue deux variétés de

manioc. Le manioc amer dont

les racines contiennent un

poison, l’acide cyanhydrique,

et le manioc doux surnommé

ka manioc. Seul le manioc

doux peut être consommé

comme légume. Une fois cette

précaution prise, le manioc

est une vraie mine d’or. Ses

racines sont une excellente

source de calories. La satiété

peut durer 8 h contre 3 h pour

le riz. Elles sont plus riches en

fibres et conseillées aux per-

sonnes allergiques au gluten.

Le manioc n’en contient pas !

© BARBARA KELLER