

mars - avril 2011
n
anform !
27
Dossier
Dossier
Dossier
Dossier
dossier
tout a fonctionné au labeur,
à la souffrance. D’ailleurs, le
mot travail vient du latin “tri-
palium”, un engin de torture
composé de trois pieux. Et
labeur vient de “laborem”
qui signife “peine, effort”.
Résultat, pendant des siècles,
on se “tuait au travail”.
Mieux gérer
sa fatigue
Aujourd’hui, les choses évo-
luent un peu. Le temps de
travail se réduit. La notion
de loisirs et de bien-être
prend de l’ampleur. Et les
individus revendiquent un
droit à la santé tout en conci-
liant la nécessité de travailler
et de mériter “sa soupe”. Il
s’agit donc de plus en plus
de “gérer” sa fatigue, sans
refuser la notion de mérite,
mais en intégrant du repos,
du temps pour soi, dans un
emploi du temps organisé. La
fatigue est donc mieux prise
en compte. Encore faut-il
lui trouver des solutions.
Qu’elles soient dans la qualité
du sommeil, dans l’environ-
nement professionnel (nui-
sances et équipements), dans
l’attention portée à sa santé
et à son alimentation. Sans
oublier la dimension psycho-
logique de la fatigue qui peut
parfois mener les hommes à
la dépression. Nous sommes,
par exemple, 44 % à avoir de
grosses difficultés à mener
de front nos différentes acti-
vités (métier, famille, couple,
etc.). Ces troubles, non seu-
lement peuvent conduire à
des drames, mais coûtent à la
société entre 2 et 3 milliards
d’euros chaque année. D’où
les études demandées par le
gouvernement, notamment
dans le cadre des réflexions
autour du stress au travail
en fin d’année 2010. Burn-
N
ous souffrons tous,
à un moment ou
un autre de fatigue
inexpliquée,
chronique,
récurrente, insoluble. Nous
sommes plus de 50 % à être
fatigués au même moment.
Problème
alimentaire,
mauvais couchage, condi-
tions de travail, troubles du
sommeil… toutes les options
s’offrent à nous sans qu’on
puisse en cerner précisément
les véritables causes. Pour-
tant, nous sommes 60 % à
avoir conscience de n’être ef-
ficace que 6 heures par jour.
Voilà peut-être un début de
piste. Il faudrait donc cher-
cher en priorité des causes
dans le cadre professionnel.
Plus vraisemblable, nous
connaîtrions les torts causés
par la fatigue mais nous re-
fuserions de leur opposer les
solutions. Car elles iraient à
l’encontre de notre morale et
de nos modes de fonctionne-
ment. Par exemple, une per-
sonne qui fait la sieste tous
les jours a 37 % de chances
en moins de mourir d’une
maladie cardiaque. Mais
comment installer la sieste
dans nos emplois du temps ?
droit à la paresse
Même si certaines entre-
prises (rares) l’ont compris
et ont installé des salles de
repos dans leurs murs, la
majorité des Occidentaux
sont victimes de leur éduca-
tion et de leur histoire. Nous
sommes longtemps restés
loin du droit à la paresse
évoqué par Paul Lafargue
(le gendre de Karl Marx), en
1883. Et étions plutôt ancrés
dans une valeur exprimée par
Saint-Paul :
“… si quelqu’un
ne veut pas travailler, qu’il
ne mange pas non plus.”
Pendant des siècles, donc,
out, dépression, suicide
au travail… ont suscité de
vives réactions et fait un peu
bouger les choses. A quand
des salles de repos, avec
couchettes dans les entre-
prises ? A quand de sérieuses
études sur notre qualité de
sommeil ? A quand une
détection d’éventuelles ca-
rences alimentaires ? Ces
questions restent toutefois
encore sans réponses. Et
c’est aussi à chacun d’entre
nous de se préoccuper de
son bien-être et de trouver
ses propres réponses.
n
Sources : sondage IPSOS 2010,
www.lepoint.fr; sondage JDN 2010 ;
www.mode-sieste.com; étude INRS / Arts
et métiers Paris Tech 2007 ;
www.sixta.frLaëtitia
34 ans - médecin urgentiste
Nos horaires sont difficiles puisque nous travaillons 35 heu-
res en deux jours et ce, tous les deux jours. Ce qui implique
une nuit blanche et beaucoup de stress. On essaye de se
reposer dès qu’on peut, mais si l’on dort 1 h 30 c’est déjà
un record. Il faut être réactif et opérationnel de suite, c’est
bien souvent l’adrénaline qui nous réveille et nous remet ra-
pidement les idées en place. Pour tenir, il faut profiter des
jours de récupération pour beaucoup dormir (7 à 8 heures
par nuit) et surtout doser les loisirs. Essayer aussi de manger
normalement (car on grignote plus qu’on ne mange lorsque
l’on travaille) et de se recaler sur des horaires normaux. J’ai
du mal à faire du sport en raison de ce rythme difficile et je
ne suis pas pour les vitamines. En revanche, je bois du café.
En cas de gros coup de fatigue, je privilégie le micro sommeil
(10 à 15 mn) dans la journée.