

décembre - janvier 2016
•
anform !
107
psycho
de la vie des autres. Alors impré-
gnés par la peur d'un éventuel échec,
par la peur de se tromper, de regretter,
ils finissent par rester dans l’attente de
la bonne décision à prendre, de la super
opportunité et se morfondent dans leurs
hésitations multiples. C’est comme si
“se tromper” devenait une honte. Cette
fausse croyance peut abîmer l'image de
soi par la culpabilité qu’elle engendre et
amener la personne au repli. Pourtant,
l’erreur est humaine, dit l’adage et, à
ne pas s’autoriser cette possibilité de se
tromper, on finit par avoir peur de perdre
ce que l’on ne possède pas encore !
SENTIMENT D’INSÉCURITÉ
Selon la croyance, les hommes seraient
plus touchés que les femmes par cette
peur. Mais les femmes, qui ont tant
bataillé pour leur indépendance et leur
liberté, sont de plus en plus concernées.
De plus, les divorces qu’ont connus les
adultes d'aujourd'hui chez leurs propres
parents, ont peut être laissé un profond
sentiment d'insécurité. Ce mauvais sou-
venir réactive la crainte de s’engager avec
son conjoint, d’acheter une maison ou de
se marier. Quant à la peur de mettre au
monde un enfant, si elle peut être perçue
positivement comme un véritable travail
de réflexion face aux responsabilités à
venir, elle peut aussi se transformer chez
certains, en un nœud d'angoisse. Devant
cette étape, qui engage “pour toujours”,
les peurs grandissent. Parfois elles para-
lysent totalement et certains couples
finissent par “stériliser” définitivement la
relation. Devenir parent est une décision
qui demande réflexion, mais quand le
couple est équilibré, en perçoit le désir
et se sent “prêt à”, il est dommage que
l'unique peur de s'engager vienne enlever
tous les espoirs et disloquer le couple.
ACCEPTER
LE CHANGEMENT
“Moi, j’ai arrêté de prendre de bonnes
résolutions. De toute façon, je ne les tiens
pas.”
Cette phrase vous parle ? Lorsque
l’on décide de rompre un pacte avec soi-
même, on s'éloigne progressivement de
ses propres valeurs. Nous finissons par ne
plus nous ancrer dans notre propre parole.
Concernant le changement, pour prendre
l’exemple de la thérapie,
“prendre la déci-
sion de consulter un thérapeute (méde-
cin, psychologue, etc.), notamment pour
les personnes atteintes d’addiction, peut
être longue. Car, si reconnaître ses diffi-
cultés est une première étape, s’engager
vers un réel changement en est une autre.
Le travail thérapeutique peut deman-
der du temps et dans nos sociétés où
le “tout, tout de suite” règne, beaucoup
repoussent la consultation”
, relate Aurélie
Sisoix, psychologue au CSAPAde Kourou,
en Guyane. La faculté de s’engager dans
des choix de vie s’acquiert à la mesure du
développement et de son évolution per-
sonnelle. L’engagement est en lien direct
avec la confiance en soi, en l’autre et en
l’environnement.
Et dans la vie
professionnelle ?
Depuis plusieurs années,
les directions d’entreprise
sont invitées à l’évaluation
des risques psycho-
sociaux (stress, burn-
out) pour fidéliser les
collaborateurs et veiller
à leur bientraitance. cela
amène ces derniers à faire
face aux conflits, nommer
leur besoin et rechercher
des solutions constructives
vers des attitudes plus
valorisantes que la fuite
et l’évitement. En effet,
certaines personnes
refusent un poste car elles
ne se sentent pas à la
hauteur ou par la crainte
de ne pas être totalement
satisfaite.
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