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anform !
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décembre - janvier 2016
Tentation
Incitons-nous
nos enfants
à boire ?
psycho
Le premier verre
d’alcool de
l’enfant est souvent
consommé au
sein de la famille.
Une absence de
vigilance et une
banalisation qui
peuvent avoir des
répercussions très
sérieuses sur l’enfant.
Explications du
Dr Nathalie Dudoret,
médecin dans un
centre de soins,
d’accompagnement
et de prévention en
addictologie.
Par PriSCilla rOmain
En quoi les habitudes en matière d’al-
cool sont-elles déterminantes quant à
l’orientation future de l’enfant ?
Les parents font figure d’exemple. Ils sont
les éducateurs des enfants. Les effets
des habitudes de consommation du
cercle familial influencent la perception
de l’alcool par les enfants. En réalité, le
cercle familial, est souvent responsable
du premier verre d’alcool consommé,
pour les anniversaires par exemple. Nous
avons fait une campagne de prévention
chez les 6
e
et quand nous avons deman-
dé qui n’avait jamais bu d’alcool, seule
une élève a levé la main. Ils ont tous
l’habitude de consommer du panaché.
Beaucoup d’adultes pensent qu’il ne
contient pas d’alcool ou pas beaucoup,
que c’est une boisson “inoffensive” et
que “pas beaucoup”, c’est autorisé. Mais
les enfants, eux, savent qu’il y en a. À
côté de cela, il faut prendre en compte
la consommation des parents. Certains
vont consommer, mais l’interdire aux
enfants et d’autres vont initier la consom-
mation.
La plupart des parents ne le font-ils
pas inconsciemment ?
Si l’alcool est interdit aux mineurs dans
les débits de boisson, logiquement, il
devrait être interdit au sein des familles.
C’est une question d’éducation. Les
adultes doivent être conscients que la fa-
çon dont ils boivent influence la consom-
mation future de leur enfant. Pour leur
baptême, certains parents aiment à faire
tremper les lèvres de leur enfant dans le
champagne. C’est comme leur donner
un joint de cannabis. C’est une subs-
tance psychoactive. C’est un geste irré-
fléchi, dont on ne mesure pas la portée.
© FUsE