

octobre - novembre 2015
•
anform !
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Q
ui l’eût cru ? Les crudi-
vores ont le vent en poupe.
Après avoir conquis les
États-Unis, ce grand re-
tour à la simplicité –les aliments dans
leur état primitif– a réussi àse faire une
place au soleil de la gastronomie réu-
nionnaise,pourtant adepte des cuissons
longues et autres “mijoteries”...
“Je pré-
fère parler d’alimentation vivante que de
crudivorisme, ça dit mieux les choses”
,
précise Esther Lobet-Bedjedi.Cette spé-
cialiste du cru anime depuis quelques
années à La Réunion des ateliers de
crusine, pour amener petits et grands
àune alimentation plus saine.
“Le prin-
cipe, c’est de consommer les aliments
(principalement des fruits et légumes,
mais pas seulement) encore pleins
d’énergie vitale et de fraîcheur, avec un
minimum de transformation. C’est une
démarche de santé, mais aussi ludique,
pour égayer l’assiette et réveiller le goût,
apprécier le naturel non transformé”.
Le
mode d’emploi est simple : on cuisine
sans cuisson autant que possible (si
on doit cuire un aliment pour le rendre
digeste, on ne dépasse pas 40 °C) et
on utilise des alternatives comme la
déshydratation, la fermentation ou la
marinade, notamment au citron.
Un UniVers
de saVeUrs
“C’est une cuisine plaisir, qui va du plus
simple au plus élaboré. On parle de gas-
tronomie crue. De grands chefs l’ont dé-
montré”,
poursuit Esther. Et parmi eux,
Bruno De Vie, star du premier Sommet
de la santé globale qui s’est tenu en
septembre dernier à La Saline. Esther,
qui vient de revenir au cru après une
période de grossesse où elle mangeait
cuit, remarque que le cru est
“syno-
nutrition
nyme de vitalité, que ce soit pour perdre
ou prendre du poids d’ailleurs. Le corps
se nettoie de lui-même, s’équilibre”
.
Mais elle met en garde sur l’adapta-
tion du corps.
“Ce régime convient à
tous si on ne saute pas les étapes. Il
faut tenir compte de son corps, de ses
habitudes mais aussi ne pas s’exclure
socialement. Laisser le corps envoyer
ses signaux, aller doucement. ÀLa Réu-
nion, la base, c’est le cari. On peut com-
mencer par y ajouter un smoothie vert
chaque jour et écouter ce qui se passe.
J’insiste, mais il faut faire confiance à
l’intelligence du corps. C’est inutile de
le faire sous la contrainte, car ça crée
des échecs.”
Enfin,
“l’enfant habitué
à manger cru dès le plus jeune âge
acquiert la capacité d’apprécier le goût
brut et d’aller au plus près de ses be-
soins. Pour les personnes âgées aussi,
c’est très régénérant”.
Avantages
• Manger des aliments crus permet de garder
intactes toutes leurs propriétés. ce régime
apporte une grande quantité d’anti-oxydants,
de vitamines et de fibres. il se base sur la
consommation de légumes, fruits et jus de
fruits, graines, céréales germées, algues et
légumineuses, ainsi que le miel et les huiles de
première pression à froid.
• Pour celles et ceux qui surveillent leur ligne, les
fruits secs (raisins, abricots, figues…) et oléa-
gineux (noix, pignons…) améliorent la densité
nutritionnelle des plats. Et les légumes, peu
caloriques et riches en fibres, en vitamines,
minéraux et anti-oxydants qui protègent des
maladies cardio-vasculaires, améliorent la
satiété.
L'avis de Vicky Lincou, diététicienne nutritionniste
Inconvénients
• Comme pour les régimes végétariens, il y a un
risque de carences en fer, zinc, minéraux et vita-
mines du groupe B, (vitamine B12). Je le décon-
seille pour cela aux femmes enceintes, allaitantes,
aux enfants et adolescents. pour éviter les ca-
rences, les crudivores doivent varier les sources de
protéines végétales. Face au risque d’anémie, pour
mieux absorber le fer (contenu dans les légumi-
neuses, les légumes à feuilles vertes, le cacao, soja,
persil…), il est recommandé de l’accompagner de
vitamine c (légumes et fruits) pendant le repas.
• Cette démarche de slow food ne convient pas aux
gens trop pressés qui ne mâchent plus. Manger cru
peut provoquer des problèmes digestifs, car les
aliments crus demandent plus de mastication.