Previous Page  91 / 116 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 91 / 116 Next Page
Page Background

octobre - novembre 2015

anform !

91

Q

ui l’eût cru ? Les crudi-

vores ont le vent en poupe.

Après avoir conquis les

États-Unis, ce grand re-

tour à la simplicité –les aliments dans

leur état primitif– a réussi àse faire une

place au soleil de la gastronomie réu-

nionnaise,pourtant adepte des cuissons

longues et autres “mijoteries”...

“Je pré-

fère parler d’alimentation vivante que de

crudivorisme, ça dit mieux les choses”

,

précise Esther Lobet-Bedjedi.Cette spé-

cialiste du cru anime depuis quelques

années à La Réunion des ateliers de

crusine, pour amener petits et grands

àune alimentation plus saine.

“Le prin-

cipe, c’est de consommer les aliments

(principalement des fruits et légumes,

mais pas seulement) encore pleins

d’énergie vitale et de fraîcheur, avec un

minimum de transformation. C’est une

démarche de santé, mais aussi ludique,

pour égayer l’assiette et réveiller le goût,

apprécier le naturel non transformé”.

Le

mode d’emploi est simple : on cuisine

sans cuisson autant que possible (si

on doit cuire un aliment pour le rendre

digeste, on ne dépasse pas 40 °C) et

on utilise des alternatives comme la

déshydratation, la fermentation ou la

marinade, notamment au citron.

Un UniVers

de saVeUrs

“C’est une cuisine plaisir, qui va du plus

simple au plus élaboré. On parle de gas-

tronomie crue. De grands chefs l’ont dé-

montré”,

poursuit Esther. Et parmi eux,

Bruno De Vie, star du premier Sommet

de la santé globale qui s’est tenu en

septembre dernier à La Saline. Esther,

qui vient de revenir au cru après une

période de grossesse où elle mangeait

cuit, remarque que le cru est

“syno-

nutrition

nyme de vitalité, que ce soit pour perdre

ou prendre du poids d’ailleurs. Le corps

se nettoie de lui-même, s’équilibre”

.

Mais elle met en garde sur l’adapta-

tion du corps.

“Ce régime convient à

tous si on ne saute pas les étapes. Il

faut tenir compte de son corps, de ses

habitudes mais aussi ne pas s’exclure

socialement. Laisser le corps envoyer

ses signaux, aller doucement. ÀLa Réu-

nion, la base, c’est le cari. On peut com-

mencer par y ajouter un smoothie vert

chaque jour et écouter ce qui se passe.

J’insiste, mais il faut faire confiance à

l’intelligence du corps. C’est inutile de

le faire sous la contrainte, car ça crée

des échecs.”

Enfin,

“l’enfant habitué

à manger cru dès le plus jeune âge

acquiert la capacité d’apprécier le goût

brut et d’aller au plus près de ses be-

soins. Pour les personnes âgées aussi,

c’est très régénérant”.

Avantages

• Manger des aliments crus permet de garder

intactes toutes leurs propriétés. ce régime

apporte une grande quantité d’anti-oxydants,

de vitamines et de fibres. il se base sur la

consommation de légumes, fruits et jus de

fruits, graines, céréales germées, algues et

légumineuses, ainsi que le miel et les huiles de

première pression à froid.

• Pour celles et ceux qui surveillent leur ligne, les

fruits secs (raisins, abricots, figues…) et oléa-

gineux (noix, pignons…) améliorent la densité

nutritionnelle des plats. Et les légumes, peu

caloriques et riches en fibres, en vitamines,

minéraux et anti-oxydants qui protègent des

maladies cardio-vasculaires, améliorent la

satiété.

L'avis de Vicky Lincou, diététicienne nutritionniste

Inconvénients

• Comme pour les régimes végétariens, il y a un

risque de carences en fer, zinc, minéraux et vita-

mines du groupe B, (vitamine B12). Je le décon-

seille pour cela aux femmes enceintes, allaitantes,

aux enfants et adolescents. pour éviter les ca-

rences, les crudivores doivent varier les sources de

protéines végétales. Face au risque d’anémie, pour

mieux absorber le fer (contenu dans les légumi-

neuses, les légumes à feuilles vertes, le cacao, soja,

persil…), il est recommandé de l’accompagner de

vitamine c (légumes et fruits) pendant le repas.

• Cette démarche de slow food ne convient pas aux

gens trop pressés qui ne mâchent plus. Manger cru

peut provoquer des problèmes digestifs, car les

aliments crus demandent plus de mastication.