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octobre - novembre 2015

anform !

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nutrition

La nutrigénétique

La nutrigénétique est beaucoup moins avancée.

“On sait

que chaque personne est différente génétiquement, et on

commence à comprendre quelles sont les variations géné-

tiques qui expliquent la réponse des individus aux nutriments.

L’idée c’est de proposer, dans environ une dizaine d’années,

des recommandations nutritionnelles plus personnalisées.

On pourra dire à un individu : “vous, vous assimilez mal la

vitamine C, il faudrait que vous en consommiez plus que

d’autres.””

En arrivera-t-on à la nutrition adaptée àchaque

individu ?

“Peut-être pas,

répond le Pr Borel.

Car il y a énor-

mément de facteurs qui affectent la réponse individuelle aux

aliments. Des recommandations à l’échelle de populations

ou de groupes ethniques paraissent plus réalistes.”

Ainsi les

Indiens réagissent moins bien que les Eurasiens àla prise de

graisse en la stockant essentiellement autour des viscères.

C’est pourquoi ils souffriraient plus facilement de

diabète. Un léger surpoids pouvant suffire àdéclen-

cher la maladie. Une alimentation spécifique adap-

tée à leurs gènes pourrait contribuer à empêcher

son développement.

“Un de nos projets actuels

concerne la vitamine A,

explique le Pr Borel.

Il

existe toujours une déficience en vitamine A

dans de nombreux pays en voie de dévelop-

pement, tuant des milliers d’enfants chaque

année. Pour le moment, les recommanda-

tions de supplémentation ne tiennent pas

compte des caractéristiques génétiques

propres à chaque groupe ethnique. Le but

est de trouver le dosage et la formulation

qui leur sont adaptés.”

sont moins touchés par cer-

taines maladies. Donc, dans

notre laboratoire, nous essayons

de comprendre les mécanismes impli-

qués,

explique le Pr Borel.

Qu’est-ce qui protège et com-

ment ?Un des objectifs est de faire des alicaments, des sup-

pléments nutritionnels qu’on trouve en pharmacie. On peut

ainsi consommer du lycopène, présent notamment dans les

tomates ou certains fruits rouges, car des études ont montré

qu’il protège du cancer de la prostate. Idem avec la lutéine,

que l’on retrouve dans les épinards, et qui protège de la

dégénérescence maculaire liée à l’âge.”

Un autre exemple

est celui de la vitamine A, essentielle au fonctionnement

du système immunitaire, qui a des effets nutrigénomiques

connus et est utilisée comme supplément pour traiter cer-

taines pathologies.

“Mais il y a des milliers de molécules

dans l’alimentation. On est plutôt avancés sur certaines et

on ne connaît pratiquement rien sur d’autres. Donc il y a

encore beaucoup à faire”,

ajoute le Pr Borel.

La nutrigénomique

L’intérêt fondamental de la nutrigénomique est de mieux

comprendre le rôle des aliments sur la santé. L’alimenta-

tion influence l’expression de nos gènes, en stimulant, ou

au contraire en inhibant, l’expression de certains d’entre

eux. Ce sont essentiellement les micronutriments comme les

vitamines, les oligoéléments, les minéraux, les acides gras

essentiels, ou des composés naturellement présents dans les

plantes qui ont une influence sur nos gènes. Le processus

est complexe. Par exemple, dans certains cas, des micronu-

triments viennent se greffer sur des protéines qui permettent

l’activation des gènes. Ils fonctionnent alors comme des “in-

terrupteurs” et modifient leur niveau d’expression. D’autres

micronutriments peuvent marquer l’ADNpar l’ajout de grou-

pements chimiques. Ces marquages modulent égale-

ment l’expression des gènes mais sans

en modifier le contenu génétique.

“On s’est par exemple rendu

compte que ceux qui mangent

beaucoup de fruits et légumes