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février - mars 2015

anform !

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psycho

3 QUESTIONS À…

France-Lise Vitalis,

psychothérapeute

Quelle est la cause de ce trouble ?

Au-delà de son apparence sympathique, agréable, sociable,

séductrice, il y a un homme en souffrance avec une estime de soi

défaillante, un ego abîmé qui entraîne une quête de valorisation

qu’il trouve en écrasant l’autre. Les pervers narcissiques ne sont

pas conscients de faire mal parce qu’ils ne sont pas capables de

voir la souffrance de l’autre. Ils ne savent pas faire autrement pour

exister. Cette faille narcissique est souvent due à des carences

affectives dans l’enfance où ils ont dû développer des moyens de

survie psychologique.

Quelle thérapie ?

Il est rare de les voir en consultation car ils considèrent ne rien

avoir à se reprocher. Le pervers narcissique est incapable de se

remettre en question. S’il accepte de consulter un thérapeute

conjugal pour accompagner sa femme, c’est pour la convaincre

de l’incompétence du professionnel afin de ne plus y retourner

ou pour l’enfoncer et lui prouver que c’est elle qui a des pro-

blèmes, non lui.

Et pour la victime ?

Les dégâts psychologiques et émotionnels sont énormes. On les

ramasse à la petite cuillère. Le travail thérapeutique sera long,

basé sur l’écoute des souffrances, un travail de déculpabilisation,

de ré-institution de la confiance en soi. Un travail sur les peurs.

La victime a souvent peur d’en attirer d’autres. En psychothéra-

pie, j’utilise plusieurs techniques dont l’analyse transactionnelle

(analyse de la façon dont on communique avec l’autre), l’hypnose

et la programmation neurolinguistique (travail sur la confiance en

soi, l’estime de soi) et l’écoute. Cette thérapie est indispensable

pour la victime.

esprit avec délectation. Je prêche le

faux pour savoir le vrai. Je lui assène

que tout ce qui arrive est de sa faute,

retournant habilement les situations.

Unhommelaregardedans larue, elle

a forcément tout fait pour attirer son

regard. C’est desafautesi jel’ai trom-

pée... Detoutefaçon, jesuis incapable

de me remettre en question. Je suis

dénué de sentiment, d’empathie pour

ma victime. Elle est mon objet, ma

marionnette.

IMpréVIsIBle

Et si mavictimemontrait des signes de

résistance, je pourrais devenir dange-

reux. Car quand je me sens menacé,

je suis imprévisible. Je la pousserais

dans ses retranchements, n’hésitant

pas àcréer desmises enscène, àexer-

cer unepressiongrandissante. Jevien-

drais l’attendreàlasortiedutravail, lui

téléphonerais jour et nuit, lamenace-

rais. Je lapousserais à ladépression,

àlafolie, ausuicidemême. Et partirais

enquêted’unenouvelleproie.