

février - mars 2015
•
anform !
87
psycho
3 QUESTIONS À…
France-Lise Vitalis,
psychothérapeute
Quelle est la cause de ce trouble ?
Au-delà de son apparence sympathique, agréable, sociable,
séductrice, il y a un homme en souffrance avec une estime de soi
défaillante, un ego abîmé qui entraîne une quête de valorisation
qu’il trouve en écrasant l’autre. Les pervers narcissiques ne sont
pas conscients de faire mal parce qu’ils ne sont pas capables de
voir la souffrance de l’autre. Ils ne savent pas faire autrement pour
exister. Cette faille narcissique est souvent due à des carences
affectives dans l’enfance où ils ont dû développer des moyens de
survie psychologique.
Quelle thérapie ?
Il est rare de les voir en consultation car ils considèrent ne rien
avoir à se reprocher. Le pervers narcissique est incapable de se
remettre en question. S’il accepte de consulter un thérapeute
conjugal pour accompagner sa femme, c’est pour la convaincre
de l’incompétence du professionnel afin de ne plus y retourner
ou pour l’enfoncer et lui prouver que c’est elle qui a des pro-
blèmes, non lui.
Et pour la victime ?
Les dégâts psychologiques et émotionnels sont énormes. On les
ramasse à la petite cuillère. Le travail thérapeutique sera long,
basé sur l’écoute des souffrances, un travail de déculpabilisation,
de ré-institution de la confiance en soi. Un travail sur les peurs.
La victime a souvent peur d’en attirer d’autres. En psychothéra-
pie, j’utilise plusieurs techniques dont l’analyse transactionnelle
(analyse de la façon dont on communique avec l’autre), l’hypnose
et la programmation neurolinguistique (travail sur la confiance en
soi, l’estime de soi) et l’écoute. Cette thérapie est indispensable
pour la victime.
esprit avec délectation. Je prêche le
faux pour savoir le vrai. Je lui assène
que tout ce qui arrive est de sa faute,
retournant habilement les situations.
Unhommelaregardedans larue, elle
a forcément tout fait pour attirer son
regard. C’est desafautesi jel’ai trom-
pée... Detoutefaçon, jesuis incapable
de me remettre en question. Je suis
dénué de sentiment, d’empathie pour
ma victime. Elle est mon objet, ma
marionnette.
IMpréVIsIBle
Et si mavictimemontrait des signes de
résistance, je pourrais devenir dange-
reux. Car quand je me sens menacé,
je suis imprévisible. Je la pousserais
dans ses retranchements, n’hésitant
pas àcréer desmises enscène, àexer-
cer unepressiongrandissante. Jevien-
drais l’attendreàlasortiedutravail, lui
téléphonerais jour et nuit, lamenace-
rais. Je lapousserais à ladépression,
àlafolie, ausuicidemême. Et partirais
enquêted’unenouvelleproie.