Table of Contents Table of Contents
Previous Page  50 / 172 Next Page
Basic version Information
Show Menu
Previous Page 50 / 172 Next Page
Page Background

50

anform !

novembre - décembre 2014

Dossier

2

“Ni banaliser,

Comment guérir d’une addiction ? Faut-il privilégier

une prise en charge thérapeutique ? Médicale ? Les

réponses d’Isabelle Marchand, psychothérapeute.

“L’addiction est un problème

polymorphe et global”

face

auquel

“une prise en charge

seulement médicale est insuffi-

sante. Un médecin a des objectifs

de santé physique et publique.

Le médical et le thérapeutique se

complètent

”, explique Isabelle Mar-

chand, psychothérapeute, formée à

l’approche centrée sur la personne

(ACP)de Carl Rogers. Ainsi, à côté

des médicaments, dont certains

aident indéniablement à gérer

l’angoisse générale et celle générée

par le sevrage,

“le meilleur moyen

de guérir de ses addictions est un

travail sur soi, qui peut être inconfor-

table, insécurisant et déstabilisant”.

Pour comprendre la nécessité de ce

travail, il faut prendre en compte les

causes de l’addiction.

“On bascule

dans l’addiction pour échapper à

l’angoisse, à la souffrance. Le plaisir

sert d’anesthésiant à l’angoisse.

Que ce soit avec la nourriture, le

sexe, l’alcool ou le sport à haute

dose, cela marche ponctuellement.

Cependant, comme l’angoisse de

fond n’est pas résolue, soit il faut plus

de produit pour atteindre le plaisir,

soit le manque ou la culpabilité

renforce l’angoisse.”

Face à cela,

“la psychothérapie aide à identifier,

accepter et comprendre les déficits

d’autorégulation pour les dépasser”.

Un regard adouci est nécessaire pour

“déminer” le terrain.

“L'acceptation

de soi dans ses difficultés actuelles

permet d'assouplir les rapports à soi-

même et à l'extérieur.”

L’ÉPOQUE EST ADDICTOGÈNE

D’autant que, selon la thérapeute,

l’époque est addictogène. Elle éloigne

l’individu de ses besoins authen-

tiques.

“On perd son âme à vouloir

répondre auxdiktats des condition-

nements subis depuis l’enfance :

consommation outrancière, profusion,

immédiateté, performance, rentabi-

lité… Le recours aux anxiolytiques

de toute nature est une tentative

d’atténuer ses souffrances et de faire

face à des difficultés relationnelles

ni diaboliser”