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novembre - décembre 2014

anform !

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Dossier

“Je devais me marier, j’avais 25ans. Mais, deuxsemaines avant

le jour J, je me suis fait larguer. Deuxans de déprime ont suivi. Et

un jour, j’ai décidé que plus rien venant des hommes ne m’attein-

drait. C’était ma seule façon, selon moi, de remonter la pente. J’ai

commencé, un peu comme une vengeance, un jeu malsain, à

collectionner les relations d’un soir. Cela m’a apaisée, donné une

impression de toute-puissance pendant quelques années. On vit à

une époque oùc’est super facile de passer à l’acte, avec les sites de

rencontre en ligne, les chats, les webcams… Jusqu’au jour oùj’ai

réalisé que je ne pouvais plus m’en passer. J’ai essayé de diminuer

mais ça me rendait très agressive. J’ai même pris des anxiolytiques.

Je suis tombée amoureuse, il y a 5ans. Une belle histoire avec

un projet de vie commune et de bébé. Mais ça n’a pas tenu car je

voyais des hommes en dehors. J’avais beau expliquer que ce n’était

que sexuel, il ne l’a pas accepté. Et je comprends. D’ailleurs, on

reste amis. Il m’est arrivé d’avoir une dizaine d’hommes en même

temps. Ça me dégoûte un peu parfois et, en même temps, j’ai

encore le sentiment de vivre plus fort. Et surtout de me venger de

tout ce qu’on m’a fait. J’ai essayé d’en parler à un psy qui travaille

sur le comportement, mais j’ai arrêté au bout de quelques séances.

Je ne suis pas prête à vivre autrement. En fait, pour être honnête,

c’est le regard des autres qui me gêne. Mais au fond, je m’accepte

comme je suis. Il faut juste que je fasse une croixsur la vie à deux.”

L’AVIS DE LA PSY

“Pour Marina, à mes yeux ce n’est

pas une addiction mais un deuil qui

n’a pas été réalisé. Aujourd’hui, elle

est insérée socialement, elle s’ac-

cepte telle qu’elle est, elle connaît

les conséquences de ses actes et

se protège sexuellement. Le vrai

souci à mon sens est l’image qu’elle

a d’elle-même… Mais, comme elle

le dit très bien, cette image est

faussée par ce que lui renvoient les

autres. En parler dans un collectif

pourrait sans doute l’aider.”

Marina, 35 ans,

sex-addict

“J’avais beau expliquer

que ce n’était que sexuel,

il ne l’a pas accepté.”

© ISTOCKPHOTO