

mars - avril 2016
•
anform !
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Dossier
de l’eczéma, des rhinites (nez
qui coule, yeux qui grattent et
deviennent rouges, larmoiements),
de l’asthme (difficulté àrespirer,
toux ou sifflements). Ces petites
bêtes (plus de 50 000 espèces !),
invisibles àl’œil nu, adorent la
chaleur et l’humidité. Elles se nour-
rissent de nos minuscules particules
de peau, les squames, et de poils.
Autres allergènes en cause, les
composés organiques volatils (COV).
“Des substances chimiques qui
s’évaporent plus ou moins rapide-
ment, présents dans les meubles en
bois aggloméré neufs, les colles, la
peinture, les produits ménagers, les
désodorisants, l’encens, les bougies
parfumées, les produits de beauté,
les ordinateurs, les imprimantes,
etc.”,
détaille l’allergologue.
À l’extérieur !
Les pollens d’arbres, de graminées
ou de mauvaises herbes provoquent,
le plus souvent, la rhinite allergique.
Mais
“nous sommes moins concer-
nés par l’allergie pollinique en milieu
tropical. Et cette pollinisation se
fait plutôt par les insectes dans nos
régions, moins par le vent”,
explique
Monique Gouranton. Le rôle de la
pollution dans le déclenchement
des allergies n’est pas encore très
clair, “
mais, affirme l’allergologue,
les polluants sont, de façon certaine,
responsables d’exacerbations
d’asthme et de bronchites”
. Ce
qui pourrait expliquer certaines
réactions àla brume de sable.
“On n’y retrouve pas que du sable.
Des études ont montré qu’il y a
d’autres substances inquiétantes.
Àsavoir des micro-organismes,
des bactéries, des pesticides, des
champignons, de l’arsenic, des
matières fécales et du cadmium”
,
s’inquiète Annie-Claire Fediere
Plissonneau, allergologue. Une
suspicion confirmée par une étude
du pneumologue Gilbert Cadelis
(publiée dans la revue scientifique
Plos one
)qui avait, déjàen 2014,
établi un lien de cause àeffet entre
la présence de brumes de sable et
les crises d'asthme chez l'enfant.
“Les particules contenues
dans les brumes de sable
parcourent de longues
distances et
peuvent transpor-
ter des allergènes.
L’asthme allergique,
un problème majeur !
“Une étude a montré que le
taux d’hospitalisation pour
asthme chez les enfants est
bien plus élevé en Martinique”
,
note Annie-Claire Fediere Plis-
sonneau, allergologue. Un pro-
blème majeur de santé repéré
également en Guadeloupe.
Car tous les allergènes peuvent
provoquer de l’asthme. La
substance en cause irrite les
bronches et provoque une
inflammation. Le passage de
l’air dans les bronches devient
de plus en plus difficile, provo-
quant une crise d’asthme.
“Une
cause allergique est retrouvée
chez 95 % des enfants asth-
matiques et 75 % des adultes
asthmatiques. La prévalence de
l’asthme est plus grande chez
les garçons, avant la puberté,
mais la courbe s’inverse
ensuite, avec une prévalence
et une sévérité plus importante
chez la femme. Cet accroisse-
ment serait lié aux hormones
sexuelles féminines, mais aussi
à l’obésité et à l’augmenta-
tion du tabagisme chez les
femmes”
, détaille Monique
Gouranton, allergologue.
De plus en plus d’études
épidémiologiques semblent
confirmer la relation entre
tabac et allergie. La fumée
de tabac (tabagisme actif ou
passif) comporte de nombreux
éléments toxiques et nocifs qui
renforceraient les symptômes
allergiques : oxydes d’azote,
monoxyde de carbone, etc.