

septembre - octobre 2015
•
anform !
41
ma
santé
V
ous est-il déjà arrivé
d’oublier de prendre
un médicament ? Ou
d’arrêter un traitement
que vous trouviez trop cher, inutile
ou parce qu’il vous donne des nau-
sées ? Vous faites alors partie des
“non-observants thérapeutiques”.
Comme... la grande majorité d’entre
nous !
9 MILLIARDS D’EUROS
Plus de 60 % des patients souf-
frant de maladies chroniques ne
suivraient pas leur prescription mé-
dicale correctement. Parce qu’elle
expose aux conséquences, parfois
graves, de leurs maladies, cette
non-observance médicamenteuse
coûterait plus de 9 milliards d’euros
par an à la société. Ces constats
sont les résultats de l’enquête
IMSHealth-Crip révélée fin 2014(voir
encadré). Ce problème est difficile à
résoudre. En 2013, par exemple,
en France, deux arrêtés prévoyaient
de subordonner la prise en charge
d’un appareil destiné à traiter les
apnées du sommeil à leur utilisa-
tion effective. Ces appareils d’aide
àla respiration pendant le sommeil,
parfois contraignants, ne sont pas
toujours utilisés par les patients. Le
coût de leur location dépasse les
1 000 euros par an. Leurs données
d’utilisation, communiquées à un
serveur, auraient pu permettre de
vérifier leur usage effectif. Les arrê-
tés ont été suspendus par le conseil
d’État. Car la non-observance mé-
dicamenteuse ne se réduit pas à
une simple “désobéissance” du
patient qu’il faudrait punir. Les non-
observants peuvent être des per-
sonnes qui oublient leur traitement,
parce que leurs habitudes ont chan-
gé (en voyage, àcause du décalage
horaire, etc.), par distraction, parce
que le traitement est complexe ou
parce qu’elles n’ont plus toute leur
tête. On y trouve aussi des patients
qui estiment, àtort ou àraison, que
le traitement provoque trop d’effets
secondaires. Et d’autres qui ne sont
pas convaincus de son utilité.
MOINS EFFICACES
Selon Eduardo Sabaté, un méde-
cin qui a rédigé un rapport sur la
question pour l’Organisation mon-
diale de la santé (OMS), les consé-
quences de la non-observance sont
Des chiffres alarmants
2 sociétés spécialisées dans
le conseil pharmaceutique
(IMS Health France et le
crip) ont révélé fin 2014 les
résultats d’une enquête sur
la non-observance thérapeu-
tique. elle se concentrait sur
6 pathologies chroniques,
qui représentent le quart des
dépenses de médicaments
et comportent un risque
à terme de complications
graves : l’hypertension arté-
rielle, l’asthme, le diabète de
type 2, l’ostéoporose, l’insuf-
fisance cardiaque et l’hyper-
cholestérolémie. Pendant
12 mois, la stratégie médi-
camenteuse de 170 000 pa-
tients qui commençaient
leur traitement a été suivie.
ceux-ci ont été considérés
comme non-observants dès
qu’ils suivaient leur traite-
ment à moins de 80 %, que
ce soit dans la durée ou en
termes de dose. Résultats :
seuls 40 % des patients ont
observé leur traitement. Ils
sont seulement 13 % chez
les asthmatiques, 36 % chez
les insuffisants cardiaques,
37 % chez les diabétiques
de type 2, 40 % chez les
hypertendus, 44 % chez ceux
souffrant d’hypercholesté-
rolémie et 55 % chez ceux
souffrant d’ostéoporose.
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