

janvier - février 2017
•
anform !
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enfants en difficulté scolaire (Rased).
Un enseignant spécialisé vient alors
voir l'enfant en classe et, avec la psy-
chologue scolaire, fait une analyse plus
précise de la difficulté. Si c'est un pro-
blème physique comme la vue, le port
de lunettes le réglera rapidement. S'il
n'y a pas de déficiencementale, l'ensei-
gnant fera une remédiation plus pous-
sée.
“Je leur fais refaire le travail dema-
ternelle. J’essaie de casser les mauvais
automatismes pour en reconstruire de
bons, mais aussi travailler sur l'estime
de soi car ce sont souvent des enfants
en grande souffrance”,
explique Marie
Caffiot. Quand tout problème mental
ou physique est écarté et que tout ce
qui a été tenté à l'école a échoué, on
demande un bilan à d’autres spécia-
listes. Un neuropsychologue ou neu-
ropédiatre, un ergothérapeute ou un
psychomotricien, un rééducateur en
écriture, afin de faire un examen plus
poussé et déceler éventuellement une
dysgraphie. Un enfant dysgraphique a
un trouble de l'apprentissage de l'écri-
ture dû à une disharmonie entre le
limbique droit et gauche du cerveau, ce
qui engendre une lenteur d’exécution.
C’est aussi le cas des autres enfants
dys. Il y aurait une prédisposition héré-
ditaire. Un dysgraphique peut aussi être
né dyspraxique (trouble développe-
mental du geste)et accumuler d'autres
dys (dyscalculie, dyslexie...).
accompagnement
personnalisé
Il est souvent très bon à l'école, quand
il a les moyens de contourner son
problème. Il est en général précoce
et très intelligent, a besoin de com-
prendre pour apprendre, n'aime pas la
répétition. Écrire est donc pour lui une
contrainte. Marie Caffiot ajoute même
qu'
“aux États-Unis, on recherche des
personnes dys dans certaines entre-
prises pour leur intelligence et leur
adaptabilité incroyable”
. Il faut per-
mettre à l'élève de trouver des moyens
de suivre une scolarité normale,
comme avec le plan d'accompa-
gnement personnalisé (Pap). Il s'agit
d'aménagements en classe, avec un
livret qui suit l'enfant tout au long de
sa scolarité. Par exemple, un enfant
entrant en 6
e
et qui a été diagnostiqué
dysgraphique en CE1, a eu le droit de
faire la dictée “à l'adulte”(l’enfant dicte
à un adulte) ou des dictées à trous,
d'avoir une secrétaire scolaire (scrip-
teur) du CE1 jusqu'à son entrée au
collège. Tout cela est synthétisé dans
le livret. Le professeur se doit d'adapter
son cours avec des outils comme des
QCM, photocopies couleurs, polices
d'écriture spécifiques, vidéoprojecteurs,
privilégier l'oral. Il pourra aussi à partir
de la 6
e
avoir un ordinateur et des logi-
ciels adaptés, un tiers de temps supplé-
mentaire pour passer les examens, une
aide aux devoirs...
© istockphoto
“écrire fait mal à un dysgraphique”
Les adaptations à l'école ne sont souvent pas
suffisantes pour un enfant dysgraphique. Lætitia
Klein est psychopédagogue et présidente d'une
association pour les enfants dys en Guadeloupe.
“Écrire fait mal à un dysgraphique ! C'est comme
si vous demandiez à une personne myope de lire
de loin sans lunettes. L'enfant dys a un trouble de
l'apprentissage. On le rééduque mais cela le suivra
toute sa vie.”
Elle rééquilibre les apprentissages
à travers la psychologie douce, la gestion des
émotions et définit les profils d'apprentissage des
enfants. “Il s'agit d'enseigner à l'enfant comment
il apprend dans sa tête.” Elle forme aussi les ensei-
gnants à une pédagogie différente de celle du sys-
tème scolaire conventionnel et elle travaille avec
l'enfant en collaboration avec un psychomotricien
spécialisé, un ergothérapeute ou un rééducateur
en écriture. “
Il faut demander à l'enfant comment
il se sent quand il écrit. Il se sent souvent mal. Il
est monnaie courante dans notre département de
se rendre compte qu'un enfant est dys seulement
en 6
e
! Cela devrait être détecté bien avant ! La
maîtrise de l'écriture se fait à 12 ans. C'est donc un
apprentissage qui dure longtemps.”