

avril - mai 2017
•
anform !
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© ISTOCK
PAR LE DR LUCILE THIBAUD, MÉDECIN GÉNÉRALISTE
L’obésité est un problème grave de santé
publique. En France, en 1997, elle concernait
8,5 % de la population. 14,5 % en 2012. En
cause, la sédentarité, l’excès de sucre et de gras,
la génétique (10 % des obésités). Une autre piste
est aujourd’hui à l’étude : notre environnement lui-
même !
L
e monde est de plus
en plus pollué et notre
alimentation aussi.
On a bien identifié les
polluants comme le tabac, les
vapeurs diesel, les rayonnements
RXou gamma (Fukushima) et leurs
conséquences sur les cancers.
Mais jusqu’ici, on n’avait aucune
preuve de l’action des polluants sur
l’obésité, le diabète, les maladies
cardiovasculaires ou l’autisme.
Ce pas vient d’être franchi grâce
à l’épigénétisme qui détermine
comment notre environnement
peut modifier l’expression de nos
gènes !
L’ÉPIGÉNÉTISME,
C’EST QUOI ?
Pour qu'un gène s'exprime, il faut
qu'il soit lu. Or, les mécanismes
de lecture des gènes sont influen-
cés par l'environnement. Certains
polluants peuvent donc modifier
l’expression de nos gènes. Et nous
faire grossir ! C’est le cas des per-
turbateurs endocriniens ou PE. Ils
empêchent la lecture normale de
l’ADN et créent des distorsions ou
des mutations. Les problèmes se
déclenchent avec des quantités
infimes par effet d’accumulation
des doses. Et même quand les taux
retrouvés dans le sang sont accep-
tables, il existe un “effet cocktail”.
C’est-à-dire l’effet conjugué de plu-
sieurs PE. Ces PE activent l’entrée
de la graisse dans les cellules et
augmentent le nombre de cellules
graisseuses !
OÙ LES TROUVE-T-ON ?
Le premier découvert est le tributy-
létain. On le trouve dans les pein-
tures anti-mousses pour bateaux.
Cette substance s’est répandue
dans l’eau et a contaminé des pe-
tits poissons qui en ont contaminé
de plus gros, que l’homme a man-
gés. Il a donc été interdit en 1981,
mais on en trouve encore des traces
dans les analyses d’urine humaine.
Depuis, la liste des polluants s’est
allongée. On peut les classer en
4 catégories.
n
Les pollueurs de l’air
et les dérivés du pétrole
Les perturbateurs endocriniens
qui agissent le plus sur l’obésité
sont des HAP (hydrocarbures aro-
matiques) dérivés du benzène. Ce
•••
sont des composés volatils issus de
l’essence et surtout du diesel que
vous respirez quand vous roulez
en voiture ou quand vous habitez
près d’une station essence, d’une
grande route ou d’un aéroport. On
en retrouve dans les urines des en-
fants obèses. Respirer ces
vapeurs fait grossir.
n
Les additifs,
colorants et arômes
de l’alimentation
Les additifs, dont le BHA
ou E320, les colorants,
outre leur possibilité
d’allergie ou de can-
cers et les exhausteurs
de goût, modifient vos
hormones. Le gluta-
mate de sodium qu’on
retrouve partout aug-
mente l’appétit. Àban-
nir absolument.
n
Les emballages
alimentaires longue durée
et le mode de cuisson
Le bisphénol A ou BPA se trouve
dans les plastiques. Une direc-
tive européenne l’a fait interdire
en 2010 dans la composition