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février - mars 2017

anform !

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dance dans lamatière végétale.Premier

constat :

“Les produits transformés cuits

ont perdu la majeure partie des bacté-

ries (chaleur, irradiation, conservateurs,

antibios,chlore,alcool…),des vitamines

(chaleur,UV,oxydation…),des minéraux

(cuisson, lavage), des pigments fibres

végétaux (chaleur, oxydation, radia-

tions). Et, dans le même temps, sous

l’effet de la chaleur, les macromolé-

cules se recombinent et génèrent des

molécules hautement toxiques, telles

les molécules de Maillard et les acides

gras trans.”

Pour conserver bactéries,

anti-oxydants et vitamines, elle pré-

conise de manger les aliments crus,

fermentés ou germés. Côté minéraux,

de se mettre aux algues et aux noix,

ou encore de saler son alimentation à

l’eau de mer.Pour les pigments,de pri-

vilégier les aliments colorés (spiruline,

fleurs, feuilles, légumes et fruits). Enfin,

pour conserver les qualités des macro-

molécules, de manger cru, comme le

montre l’étude

Heatox

sur l’effet néfaste

de la cuisson des aliments,

menée dans 14 pays de l’UE.

Des études menées à La Réu-

nion corroborent ces conclusions,

comme celles de l’équipe de Marie-

Paule Gonthier, qui montre que la

dérégulation du microbiote est l’un des

facteurs de l

’obésité.Le

grand principe

de l’alimentation symbiotique (ainsi

nommée parce qu’elle respecte la sym-

biose entre nos “cellules humaines” et

les bactéries de notre flore) est donc

de

“manger davantage de cru, selon

les limites de chacun”

. De privilégier

probiotiques (bactéries de la flore) et

prébiotiques (aliments qui soutiennent

la flore). Et d’oublier toute trace d’anti-

biotique.Dans l’assiette,on mettra donc

généreusement les légumes et feuilles

verts, puis les fruits et légumes, puis

dans une moindre mesure les graines

(y compris lin et chanvre)et noix,et les

jeunes pousses germées. Enfin, avec

parcimonie,ce qu’elle appelle la nourri-

ture médicinale : la spiruline,les algues,

4 QUESTIONS À…

Quelle est la stabilité

du microbiote ?

Très instable. En naissant par

voie basse, le bébé reçoit la

flore vaginale de sa mère.

Le lait maternel lui apporte

ensuite d’autres bactéries,

adaptées à sa croissance.

D’où l’hérésie de donner des

antibiotiques au bébé avant

6 mois ! Autre hérésie, enlever

l’appendice. C’est se priver

de sa pépinière de bactéries.

Adulte, on peut modifier sa

flore en seulement quelques

jours, après une maladie ou un

changement de diète.

Cuisiner cru, ça prend

plus de temps ?

C’est juste une question

d’organisation. D’abord, on

s’approvisionne autrement.

Le marché est mon magasin !

Je fais des bases qui se

conservent longtemps et

j’anticipe. Je mets à germer ou

fabrique des préparations de

base, par exemple.

Manger cru, c’est absorber

plus de pesticides ?

Non. Cuire n’enlève pas le

chlore ou les pesticides.

Mais avoir une flore la plus

diversifiée possible permet de

mieux remédier à la nocivité de

certaines molécules.

Cela coûte-t-il plus cher ?

C’est plus cher d’acheter

viande, poissons, fromage,

yaourts… Il faut manger les

produits en saison. Je vais

au marché. Je ramasse aussi

des noix, pommes ou fleurs.

Leurs couleurs sont le gage de

la présence d’anti-oxydants.

Attention, il faut glaner dans

des endroits non pollués, loin

des routes et des cultures

traitées.

les plantes aromatiques,les jus d’herbe.

Certains aliments comme la spiruline

sont très intéressants si leur culture

et leur transformation respectent les

règles de qualité, notamment avec

un séchage des paillettes en dessous

de 42° C. Le tout en gardant le plaisir

comme horizon, assure la scientifique

qui “crusine” et apprend à “crusiner”

pizzas, crackers, gâteaux, bouchées…

Parce qu’on n’est pas prêts à se pas-

ser de tout ça, du croquant, du goû-

teux… mais 100 % végétal et cru. Je

suis pour le“3 fois bon”: bon pour ma

santé,pour la planète et pour le goût.”

Plus d’infos :

www.crudilab.com

**Pour étayer ses recherches,Marie-France Puyo-

Lartigue s’est appuyée sur une vaste bibliographie,

notamment les travaux du Dr Mouton sur “l’éco-

système intestinal”, l’étude menée en Chine par

le Dr Campbell sur le rapport entre protéines ani-

males et cancer,ou encore l’étude Heatox.

Marie-France Puyo-Lartigue,

microbiologiste