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anform !
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décembre - janvier 2017
Science de la vie
un art de vivre
L’ayurvéda,
Kiran Vyas est
l’un des piliers
fondateurs de
l’ayurvéda en
France. De passage
à La Réunion, il
revient sur ce qui
fait le succès de
cet art de vivre.
Par caroline Fiat
Pourquoi l’ayurvéda a-t-il autant de
succès aujourd’hui ?
L’ayurvéda a 5 000 ans. C’est tout
ce passé qui permet cette reconnais-
sance. Depuis 2015, le gouvernement
indien lui consacre même un ministère
à part entière*. Aujourd’hui, c’est fas-
cinant de voir à quel point les soucis
de la vie moderne (stress, insomnie,
dépression, par exemple) trouvent des
réponses dans l’ayurvéda.
Quelle est la grande différence avec
la médecine occidentale ?
L’ayurvéda est une médecine, mais
aussi une philosophie, un art de vivre
à part entière. Elle considère que l’ali-
mentation (
ahara
), le mode de vie
(
vihara
) et l’état des pensées (
mano-
vyapara
) sont aussi importants que les
médicaments ou les soins apportés.
La santé n’est pas que l’absence de
maladie ! La médecine occidentale,
aussi performante soit-elle, ne peut
pas tout. Il y a une prise de conscience,
un besoin d’une vision plus globale
de la santé, qui prend en compte les
émotions, ce qu’on mange et respire,
ou l’environnement. Si on ne prend pas
soin de ses émotions, on a l’énergie
d’une plante desséchée !
Vous insistez sur l’alimentation,
pourquoi ?
C’est le premier outil. Il est à prendre
au sens large : ce qu’on mange,
comment on mange, comment on
respire, comment on nourrit ses
sens... Si on a une alimentation ina-
daptée à notre nature, le meilleur
des médicaments reste impuissant.
Àce propos, le rôle des épices n’est
pas que de donner du goût. Elles
soignent également. Votre cuisine
en contient beaucoup, et de très
bonnes, en premier lieu le curcuma.
C’est un trésor.
Vous vivez en France depuis les
années 1980, pour développer
l’ayurvéda. C’était dur à l’époque ?
Il y avait une sorte de méfiance.
Et être végétarien, par exemple,
n’était pas courant. On pensait que
c’était une religion, pas une philo-
sophie ni une médecine. C’est plus
facile aujourd’hui. Je me soigne avec
l’ayurvéda et ma femme est médecin
allopathe. Vous voyez donc que tout
est possible (rires) ! Je crois qu’une
médecine intégrative est enfin en
marche. J’interviendrai d’ailleurs,
début 2017, pour introduire l’ayurvé-