

août - septembre 2016
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anform !
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s'est émoussée. Les bactéries patho-
gènes ont évolué et développé des
résistances contre des antibiotiques
rendant de plus en plus difficile le trai-
tement des infections bactériennes.
Selon l'ANSM, les infections résistantes
aux antibiotiques feraient aujourd'hui
25 000 morts par an en Europe. Or, la
recherche de nouveaux antibiotiques
semble au point mort.
tHéRapie pROmetteUse
Les bactériophages pourraient consti-
tuer une alternative intéressante. Ces
virus s'avèrent extrêmement nombreux.
C'est simple, partout oùil y a des bacté-
ries, on trouverait des bactériophages
capables de les tuer. Chaque virus bac-
tériophage est spécifique d'un très petit
nombre de bactéries. Parfois, un virus
n'est adapté qu'àune seule souche de
bactéries, proliférant dans une petite
niche environnementale. On estime
la population de virus bactériophages
àplusieurs centaines de millions d'es-
pèces. En avril 2015, une équipe de
l'Institut national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm) en colla-
boration avec l’Institut Pasteur, publie
les résultats d'un essai de phagothé-
rapie sur des souris. Des médecins
de l’hôpital Louis Mourier àColombes
(Hauts-de-Seine), ont infecté des souris
avec des bactéries
Escherichia coli
pro-
venant de malades atteints de pneumo-
nie sévère. Ils ont ensuite isolé, àpartir
d’eaux usées (des milieux très riches
en bactériophages), des virus qui se
montraient capables d'attaquer ces
E
coli
en culture. Puis ils ont appliqué ces
virus aux souris malades… qui ont gué-
ri ! Du coup, la phagothérapie pourrait
revenir sur le devant de la scène. Elle
est toujours pratiquée dans certains
pays de l'Est (Géorgie, Pologne), sou-
vent àtitre compassionnel. Mais avant
de faire partie de l'arsenal thérapeu-
Effets
secondaires ?
Un des grands atouts
de la phagothérapie
est qu'elle ne semble
pas engendrer d'effets
secondaires. Et pour
cause, les bactério-
phages sont tellement
spécifiques d'une souche
bactérienne donnée,
qu'ils sont inoffensifs
sur toutes les autres
cellules, que ce soient
des cellules humaines ou
des bactéries “commen-
sales” (bénéfiques au
fonctionnement de notre
organisme).
© IStOCK
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