

66
anform !
•
avril - mai 2016
nos
enfants
Les parents sont-ils fautifs ?
L’enfant apprend à parler par mimé-
tisme. Il est très attentif à tout ce qui
se fait et se dit autour de lui. Il essaie
de comprendre les codes qu’il devra
lui-même mettre en application plus
tard. C’est une phase très importante
de son développement. Croyez bien
que si les gros mots sont utilisés dans
son entourage avec décontraction, il
ne manquera pas de les formuler à la
première occasion. C’est au parent de
rester attentif à ce que l’enfant entend.
Et l’école ?
Heureusement, les premiers gros mots
ne viennent pas uniquement du cercle
familial. Le moment de la socialisation
marqué par l’entrée à l’école apporte
sa pierre à l’édifice du langage de
l’enfant. C’est là qu’apparaissent les
premiers mots décalés. Aidés aussi
par les films et les médias.
Comment réagir ?
Il faut tout de suite rectifier le tir. Ce
n’est jamais agréable d’entendre
des gros mots de la bouche d’un
enfant. Même s’il s’arrange pour le
rendre drôle. Il faut lui expliquer que
ce langage ne lui convient pas, qu’il
est interdit et que quand bien même
il entend les autres l’utiliser, lui, vaut
mieux que ça. Cette explication im-
plique qu’il n’entende plus le parent
jurer ou mal s’exprimer sans remords.
Car la parentalité implique la fin de
l’adage “Fais ce que je dis et non ce
que je fais”. L’enfant ne le comprend
pas. S’il constate que vous avez banni
les gros mots, soyez sûr qu’il ne les
dira plus.
•••
“Papa,
c’est quoi put***…
fait ch*** ?”
Ma femme et moi, avons
toujours fait attention à ce que
nous disions. Avec les jumeaux,
nous voulions d’emblée
prendre les bonnes décisions
avant d’avoir à gérer le chaos.
Du coup, à la maison quand
ils ont eu 4 ans, ça a été un
florilège d’expressions telles
que “pu… rée”, “zut de zut !”,
“rouh lala”, “nom d’un petit
bonhomme”, toutes venues, il
est vrai, remplacer in extremis
la prononciation d’un gros
mot. Et au bout d’un moment
nous-mêmes avions pris le pli
et utilisions ces expressions
naturellement. Un jour, que je
venais les chercher de l’école,
je les ai trouvés très perturbés.
Dans un premier temps, ils ont
refusé de me dire ce qu’il se
passait. Dans la voiture, l’un
des deux me dit :
“papa, c’est
quoi put***, fait c*** ?”
Ils
m’ont dit qu’ils avaient enten-
du la dame de la cantine le dire
et que tous leurs camarades
avaient rigolé. Je leur ai expli-
qué que c’était un gros mot et
que normalement personne
ne devait dire ça, mais que
parfois, la mauvaise humeur
était tellement forte qu’ils s’en
allaient malgré nous.
Christian, 35 ans
© ISTOCKPHOTO
“Je ne l’ai dit qu’une fois
et il l’a répété au moins cent fois”
Quand il a eu 3 ou 4 ans, j’ai tout de suite
remarqué que mon fils adorait écou-
ter tout ce qui lui passait par l’oreille.
Et dès que la sonorité d’un mot lui
semblait drôle, il le répétait au moins
mille fois, ce qui pouvait vite devenir
assez ennuyeux. Aussi, j’ai toujours fait
attention. Mais un jour où j’étais de fort
méchante humeur, après des soucis au
travail et une mauvaise nuit, alors que je
rangeais la cuisine, un verre m’a échappé
et j’ai crié
“M**de !”
. Je n’avais pas vu
qu’il était à la porte. Une heure plus
tard, il faisait tomber tous ses jouets en
criant
“Mayerde !”.
Choquée et un peu
penaude, je lui ai tout de suite expliqué
que maman avait fait une bêtise et dit
une mauvaise chose, et qu’il ne devait
pas répéter. Mais ça a pris bien une jour-
née pour qu’il comprenne.
Charlène, 49 ans