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anform !

avril - mai 2016

nos

enfants

Les parents sont-ils fautifs ?

L’enfant apprend à parler par mimé-

tisme. Il est très attentif à tout ce qui

se fait et se dit autour de lui. Il essaie

de comprendre les codes qu’il devra

lui-même mettre en application plus

tard. C’est une phase très importante

de son développement. Croyez bien

que si les gros mots sont utilisés dans

son entourage avec décontraction, il

ne manquera pas de les formuler à la

première occasion. C’est au parent de

rester attentif à ce que l’enfant entend.

Et l’école ?

Heureusement, les premiers gros mots

ne viennent pas uniquement du cercle

familial. Le moment de la socialisation

marqué par l’entrée à l’école apporte

sa pierre à l’édifice du langage de

l’enfant. C’est là qu’apparaissent les

premiers mots décalés. Aidés aussi

par les films et les médias.

Comment réagir ?

Il faut tout de suite rectifier le tir. Ce

n’est jamais agréable d’entendre

des gros mots de la bouche d’un

enfant. Même s’il s’arrange pour le

rendre drôle. Il faut lui expliquer que

ce langage ne lui convient pas, qu’il

est interdit et que quand bien même

il entend les autres l’utiliser, lui, vaut

mieux que ça. Cette explication im-

plique qu’il n’entende plus le parent

jurer ou mal s’exprimer sans remords.

Car la parentalité implique la fin de

l’adage “Fais ce que je dis et non ce

que je fais”. L’enfant ne le comprend

pas. S’il constate que vous avez banni

les gros mots, soyez sûr qu’il ne les

dira plus.

•••

“Papa,

c’est quoi put***…

fait ch*** ?”

Ma femme et moi, avons

toujours fait attention à ce que

nous disions. Avec les jumeaux,

nous voulions d’emblée

prendre les bonnes décisions

avant d’avoir à gérer le chaos.

Du coup, à la maison quand

ils ont eu 4 ans, ça a été un

florilège d’expressions telles

que “pu… rée”, “zut de zut !”,

“rouh lala”, “nom d’un petit

bonhomme”, toutes venues, il

est vrai, remplacer in extremis

la prononciation d’un gros

mot. Et au bout d’un moment

nous-mêmes avions pris le pli

et utilisions ces expressions

naturellement. Un jour, que je

venais les chercher de l’école,

je les ai trouvés très perturbés.

Dans un premier temps, ils ont

refusé de me dire ce qu’il se

passait. Dans la voiture, l’un

des deux me dit :

“papa, c’est

quoi put***, fait c*** ?”

Ils

m’ont dit qu’ils avaient enten-

du la dame de la cantine le dire

et que tous leurs camarades

avaient rigolé. Je leur ai expli-

qué que c’était un gros mot et

que normalement personne

ne devait dire ça, mais que

parfois, la mauvaise humeur

était tellement forte qu’ils s’en

allaient malgré nous.

Christian, 35 ans

© ISTOCKPHOTO

“Je ne l’ai dit qu’une fois

et il l’a répété au moins cent fois”

Quand il a eu 3 ou 4 ans, j’ai tout de suite

remarqué que mon fils adorait écou-

ter tout ce qui lui passait par l’oreille.

Et dès que la sonorité d’un mot lui

semblait drôle, il le répétait au moins

mille fois, ce qui pouvait vite devenir

assez ennuyeux. Aussi, j’ai toujours fait

attention. Mais un jour où j’étais de fort

méchante humeur, après des soucis au

travail et une mauvaise nuit, alors que je

rangeais la cuisine, un verre m’a échappé

et j’ai crié

“M**de !”

. Je n’avais pas vu

qu’il était à la porte. Une heure plus

tard, il faisait tomber tous ses jouets en

criant

“Mayerde !”.

Choquée et un peu

penaude, je lui ai tout de suite expliqué

que maman avait fait une bêtise et dit

une mauvaise chose, et qu’il ne devait

pas répéter. Mais ça a pris bien une jour-

née pour qu’il comprenne.

Charlène, 49 ans