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anform !
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avril - mai 2016
Le personnel en blouse
prend le relais.
compétence. Ce n’est pas parce que tu
es malade que tu n’es plus digne d’avoir
un cours, bien au contraire.”
11 h
L’atelier de découverte musicale touche à
sa fin. Nasulah, qui est dans la classe de
Sébastien, sert dans ses bras sa copine
de la classe d’à côté. Les liens se tissent
vite dans ce contexte hors norme. Dans
l’après-midi, son amie apprendra que
son système immunitaire n’est pas en
grande forme et qu’elle doit porter un
masque, même à l’école. Un coup dur
pour elle. Jusqu’à midi, la classe reprend.
Concentrée. Nasulah et Tomy travaillent
des maths ensemble.
“Ici, on s’en fiche
des niveaux. Nasulah est en CE2 et Tomy
en CE1, mais il est très fort en maths.
C’est une bonne situation pour les faire
travailler tous les deux. Cela crée du lien,
ils vont devoir partager leurs résultats,
leurs difficultés éventuelles et s’entrai-
der”,
explique le maître. À côté d’eux,
Anrifdine travaille en autonomie tandis
que le petit Chature, arrivé juste après la
démonstration de cora, est au pupitre,
avec l’instituteur.
12 h
Comme dans toutes les écoles, c’est
l’heure de déjeuner. Sébastien Giraud
ferme la classe et emmène le petit
Des enseignants
spécialisés
Pour exercer dans les éta-
blissements hospitaliers et
sanitaires, il est nécessaire
de passer une qualification
appelée Certificat d'apti-
tude professionnelle pour
les aides spécialisées, les
enseignements adaptés et la
scolarisation des élèves en
situation de handicap (Capa-
SH). Différentes options sont
possibles. Sébastien Giraud
s’est intéressé très tôt à
l’enseignement à l’hôpital.
Après quelques années en
collège Segpa à Nantes, il a
démarré à l’Hôpital d’enfants
de Saint-Denis et a passé
sa certification en candidat
libre. Aujourd’hui, il ne se
voit enseigner nulle part
ailleurs.
© ASTRID BOURDAIS
nos
enfants
groupe présent dans les réfectoires
des différents services de l’hôpital. Le
personnel en blouse prend le relais.
Pour les enseignants, c’est le moment
de partager un casse-croûte, d’échan-
ger sur le travail en cours et de prépa-
rer les séances de l’après-midi ou du
lendemain.
14 h
Le fil de la classe reprend. Vue d’exté-
rieur, il paraît décousu, rythmé par des
arrivées et des départs, des médica-
ments à prendre et des fauteuils à dépla-
cer. Mais à bien observer le maître et ses
élèves, on comprend que chacun sait
pourquoi il est là et ce qu’il en retire. De
l’estime de soi, du savoir, de l’échange.
Même Florian, bientôt 18ans, gravement
accidenté, continue de venir. Il débarque
en lit médicalisé vers 14 h 30. Sébastien
lui a préparé un clavier sans fil pour qu’il
puisse, de son lit, rédiger sa plaidoirie
imaginaire. Ils ont travaillé ensemble sur
le procès de Klaus Barbie.
16 h
Pas de sonnerie. Seule la petite horloge
au-dessus du tableau indique qu’il est
l’heure de remonter dans les services.
L’instituteur indique à chacun le travail
éventuel à faire et raccompagne tout le
monde dans les étages.
•••
Florian, gravement accidenté,
rédige sa plaidoirie imaginaire.