

octobre - novembre 2015
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anform !
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nos
enfants
“L
es 1 000 premiers
jours de la vie consti-
tuent une période
sensible aux facteurs
environnementaux.Ils vont influencer la
santé actuelle et conditionner le déve-
loppement,ou pas,de maladies à l’âge
adulte”,
commence le Dr José Péria-
nin
,pédiatre.Denombreuses études en
attestent.
MaLadies chroniqUes
En 1980, David Barker, épidémiolo-
giste britannique, a démontré que le
risque d’infarctus ou d’obésité à l’âge
adulte était lié à une alimentation
excédentaire la première année, chez
les nouveau-nés ayant un petit poids
de naissance. On sait aussi que les
maladies chroniques, telles que les
maladies cardio-vasculaires, l’obésité,
le diabète de type 2, l’hypertension,
les allergies prendraient racine pen-
dant les 1 000 premiers jours de vie.
Elles constituent pourtant la première
cause de mortalité dans le monde et
leur prévalence ne cesse d’augmen-
ter. D’autres études ont prouvé que
le stress, le mode de vie, les toxiques
environnementaux avaient des effets à
court et à long terme sur la santé de
l’enfant. En Guadeloupe par exemple,
l’étude
Ti moun
(2014) publiée dans la
revue
American Journal of Epidemio-
logy
a montré que l’exposition mater-
nelle à la chlordécone avait des effets
négatifs sur le développement cognitif
et moteur des nourrissons (anomalies
neurodeveloppementales, troubles des
apprentissages et de la cognition).
facteUrs ÉpiGÉnÉtiqUes
La période périnatale semble consti-
tuer une fenêtre critique de vulnérabi-
lité à l’environnement. Pendant cette
période, l’enfant se construit, l’expres-
sion de ses gènes est encore flexible
et modifiable et donc particulièrement
sensible à l’environnement. C’est ce
que l’on appelle l’épigénétique. L’envi-
ronnement peut alors imprimer sur les
gènes des marques durables.
“Ces mo-
difications ne touchent pas directement
les gènes eux-mêmes mais leur expres-
sion. Et ces modifications peuvent se
transmettre d’une génération à l’autre”
,
explique le pédiatre. Ces découvertes
montrent tout l’intérêt d’une préven-
tion précoce et expliquent le succès
du concept des “1 000 premiers jours”
aujourd’hui relayé par l’Organisa-
tion mondiale de la santé (OMS) et le
Fond des nations unies pour l’enfance
(Unicef) pour freiner l’augmentation
des maladies chroniques au cours de
la prochaine décennie. Principaux axes
d’action : l’environnement écologique,
psycho-affectif, les activités physiques
et surtout l’alimentation.
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