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octobre - novembre 2015

anform !

65

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nos

enfants

“L

es 1 000 premiers

jours de la vie consti-

tuent une période

sensible aux facteurs

environnementaux.Ils vont influencer la

santé actuelle et conditionner le déve-

loppement,ou pas,de maladies à l’âge

adulte”,

commence le Dr José Péria-

nin

,pédiatre.De

nombreuses études en

attestent.

MaLadies chroniqUes

En 1980, David Barker, épidémiolo-

giste britannique, a démontré que le

risque d’infarctus ou d’obésité à l’âge

adulte était lié à une alimentation

excédentaire la première année, chez

les nouveau-nés ayant un petit poids

de naissance. On sait aussi que les

maladies chroniques, telles que les

maladies cardio-vasculaires, l’obésité,

le diabète de type 2, l’hypertension,

les allergies prendraient racine pen-

dant les 1 000 premiers jours de vie.

Elles constituent pourtant la première

cause de mortalité dans le monde et

leur prévalence ne cesse d’augmen-

ter. D’autres études ont prouvé que

le stress, le mode de vie, les toxiques

environnementaux avaient des effets à

court et à long terme sur la santé de

l’enfant. En Guadeloupe par exemple,

l’étude

Ti moun

(2014) publiée dans la

revue

American Journal of Epidemio-

logy

a montré que l’exposition mater-

nelle à la chlordécone avait des effets

négatifs sur le développement cognitif

et moteur des nourrissons (anomalies

neurodeveloppementales, troubles des

apprentissages et de la cognition).

facteUrs ÉpiGÉnÉtiqUes

La période périnatale semble consti-

tuer une fenêtre critique de vulnérabi-

lité à l’environnement. Pendant cette

période, l’enfant se construit, l’expres-

sion de ses gènes est encore flexible

et modifiable et donc particulièrement

sensible à l’environnement. C’est ce

que l’on appelle l’épigénétique. L’envi-

ronnement peut alors imprimer sur les

gènes des marques durables.

“Ces mo-

difications ne touchent pas directement

les gènes eux-mêmes mais leur expres-

sion. Et ces modifications peuvent se

transmettre d’une génération à l’autre”

,

explique le pédiatre. Ces découvertes

montrent tout l’intérêt d’une préven-

tion précoce et expliquent le succès

du concept des “1 000 premiers jours”

aujourd’hui relayé par l’Organisa-

tion mondiale de la santé (OMS) et le

Fond des nations unies pour l’enfance

(Unicef) pour freiner l’augmentation

des maladies chroniques au cours de

la prochaine décennie. Principaux axes

d’action : l’environnement écologique,

psycho-affectif, les activités physiques

et surtout l’alimentation.

•••