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avril - mai 2015

anform !

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ma

santé

A

u service de coordina-

tion des prélèvements de

l’hôpital, on ne peut pas

dire que l’année 2014 a

été une bonne année. 9 prélèvements

seulement ont été effectués sur 50 per-

sonnes en état de mort encéphalique.

Cet état rare et irréversible, dans lequel

le cerveau n’est définitivement plus

irrigué, permet de maintenir artificielle-

ment une activité cardiaque et préser-

ver les organes pour un don. Cela arrive

notamment dans certains cas d’AVC ou

de traumatisme crânien. La mort encé-

phalique représente entre 1 et 5 % de

la totalité des décès à l’hôpital.

“L’AVC

est aujourd’hui mieux pris en charge

et moins de victimes passent par le

stade de mort encéphalique,

explique

le docteur Jean-Claude Gouiry, méde-

cin coordinateur du CHU Nord.

Il y a

également eu d’énormes progrès en

termes de sécurité routière. L’hôpital

reçoit donc moins de traumatisés crâ-

niens en état de mort encéphalique.

Mais il n’ya pas que des raisons médi-

cales à ces mauvais chiffres et on ne

peut occulter l’importance du taux de

refus (+ de 38 % en 2014) qui est cer-

tainement à relier au contexte de crise

économique.”

Mais également la multi-

plicité des religions (catholicisme, pro-

testantisme, hindouisme, islam, confu-

cianisme), avec leurs divers rites et

croyances liés à la mort et au corps, ne

facilitent pas la tâche des équipes mé-

dicales. Pourtant, aucune n’interdit le

don d’organe quand il s’agit de sauver

une vie. Le diabète, l’hypertension arté-

rielle et l’insuffisance rénale chronique

sont des maladies qui touchent tous les

Réunionnais, quelles que soient leurs

croyances. 23 personnes ont pu béné-

ficier cette année d’une greffe de rein

dans le département. Dont 4 enfants.

300 maLaDEs

attEnDEnt un rEIn

“Un patient transplanté reste fragile. Il

doit être suivi et prendre un traitement

régulier,

rappelle Anne-Hélène Reboux,

chef du service de néphrologie du CHU

50 morts encéphaliques

recensées pour

9 prélèvements (uniquement

le rein).

Taux de refus :

30,36 % en 2012

34,38 % en 2013

38 % en 2014

3 503 morts encéphaliques

recensées pour

1 655 prélèvements, tous organes

confondus (cœur, poumon, foie,

pancréas, intestin).

Taux de refus :

33,8 % en 2012

32,9 % en 2013

33,55 % en 2014

En France

en 2014

À La Réunion

en 2014

5 349 greffes

dont

3 224 rénales.

23 greffes rénales

“Le don peut changer

une vie”

Quand son mari de 38 ans

décède en mars 2013, Margareth

bigot fait le choix, en accord avec

la famille de son époux, de don-

ner des organes d’olivier (reins

et cornées).

“C’est un sujet que

nous avions abordé ensemble et

en famille. Lors de ma première

grossesse, j’avais rappelé ma vo-

lonté de donner mes organes s’il

m’arrivait quelque chose.”

bien

que le père d’olivier s’étonne de

cette préoccupation “étrange”

pour un jeune couple, le sujet est

débattu et les positions d’olivier

et Margareth sont claires.

“2 jours

après son malaise, Olivier a été

déclaré cliniquement mort. Les

médecins nous ont demandé

notre choix. Nous en avons parlé

tous ensemble, sans tabou. Le

plus dur a peut-être été pour sa

maman. Il était toujours bran-

ché, pour préserver ses organes.

C’était difficile dans ces condi-

tions d’accepter qu’il n’était plus

là.”

Les médecins prélèvent donc

les organes d’olivier.

“Quand ils

m’ont appelée pour me dire que

tout s’était bien passé, cela m’a

fait du bien.”

•••