

106
anform !
•
avril - mai 2015
Petites confidences
à ma psy
Huguette,
La question que vous vous posez est
effectivement "de poids" : continuer
à garder un secret qui, certes, vous
concerne directement, mais qui a été
mis en place non pas par vous mais
par votre mère ! ce que je retiens
tout d'abord c'est qu'une partie de
vous a le désir de partager cela avec
vos enfants. ce désir me semble tout
à fait intéressant et renvoie, selon
moi, à un désir de réparer la petite
fille que vous étiez et qui a justement
été privée d'une part de son histoire.
Il y a également une autre part de
vous qui s'interroge sur l'utilité de le
dire à vos enfants, avec la peur de les
encombrer avec cette information.
chercher à partager ce poids ne me
semble pas opportun. Je vous invite
à creuser plus profondément la ques-
tion de la nécessité que vous avez
de partager avec eux ce secret ? Au
départ, c'est votre mère qui a fait de
cette part de votre histoire un secret :
pour quelle raison ? Vraisemblable-
ment, pour se protéger elle-même !
Vous n'êtes plus obligée, Huguette,
de continuer à jouer sur le registre
du secret ! comme vous le dites,
c'est votre histoire, il vous appartient
donc aujourd'hui d'en disposer ou
d’en parler comme bon vous semble.
si vous souhaitez en parler avec vos
enfants, libre à vous. Mais pour sortir
de cette position subie depuis votre
enfance, il est plus que temps de
vous réapproprier ce fait et de ne
plus l'évoquer en terme de poids.
Autrement dit, il serait intéressant
que ce secret ne soit plus pesant pour
vous-même mais qu'il redevienne une
information qui vous concerne et que
vous serez libre de partager avec les
personnes adéquates.
Dois-je révéler ce secret
à mes enfants ?
Cela fait 35 ans que je vis avec un secret de famille. Mon père n’est pas mon père biologique. Je l’ai appris par accident,
dans une fête de famille bien arrosée. Ils n’ont pas fait attention à ma présence et la vérité a été dite. À l’époque, j’ai discuté
avec ma mère qui m’a fait promettre de ne rien dire. Aujourd’hui, maman est morte. Cette nouvelle me pèse sur le cœur.
Surtout par rapport à mes frères et ma sœur que j’aime beaucoup. Est-ce que cela changerait quelque chose ? Mon père,
lui, a accepté de faire comme si j’étais sa fille et, dans la réalité, je suis sa fille. Car, de mon père biologique, je ne sais rien.
Aujourd’hui, j’ai des enfants et je me demande s’il faut leur dire et partager ce poids. D’une certaine façon cela fait partie de
leur histoire aussi. Mais à quoi bon les encombrer avec cette information ?
Huguette, Saint-Denis
Poursuivez vos débats, faites-nous part
de vos avis ou échangez des infos sur
anform
Par email à
questions@anform.frou
par courrier à
anform ! Le forum
2, avenue Charles Isautier - ZI n°3 - 97410 Saint-Pierre
Vous voulez
évoquer
un problème
personnel, relationnel,
amical, amoureux, familial…
Par Sandrine Dagnaux,
psychothérapeute