

décembre - janvier 2015
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anform !
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“C’est plus fort
que moi”
Jean-Paul était accro aux jeux, Marina, une sex-addict, Valérie,
une inconditionnelle du shopping. Ils se dévoilent et confient
leurs angoisses, à Isabelle Marchand, psychothérapeute.
L’AVIS DE LA PSY
“On sent bien chez Jean-Paul la souffrance et la vulnérabi-
lité de laisser le pouvoir à l’extérieur de soi. Avant c’était le
jeu, maintenant c’est sa famille. On en revient aux questions
d’autonomie. Quitter la dépendance, c’est reprendre les rênes
de ce qui nous équilibre, nous fait du bien. Créer notre propre
circuit de récompense, qui ne dépende que de nous…”
© WAVEBREAKMEDIA
Jean-Paul, 45 ans,
ex-accro au jeu
“Je ne peux pas dire
que je ne ressens rien
en passant devant
un casino.”
“Mes parents jouaient beaucoup au PMU. Le jeu
est dans l’ADNde la famille. Mais ça n’avait pas
posé de problème avant moi. Je me suis mis
à jouer quand j’ai débarqué sur l’île et ça m’a
attrapé. J’ai tout perdu : divorce il y a 10 ans,
déprime qui m’a amené à jouer deuxfois plus,
interdit deuxfois de casino… Si aujourd’hui
je me contrôle, c’est parce que ma nouvelle
compagne ne me donne pas droit à l’erreur, et
que j’ai tout misé sur cette relation, sur notre
bébé, notre vie. Mais je ne peuxpas dire que je
ne ressens rien en passant devant la boutique
ou le casino. C’était plus fort que moi. Je me
vois encore parler auxmachines, me traiter de
tous les noms, emprunter du fric à mes meilleurs
amis et tout perdre, me jurer que j’arrêtais si je
perdais deuxfois de suite, etc. J’étais un pantin
dans les mains d’un démon.”
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