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anform !

décembre - janvier 2015

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“Ni banaliser,

Comment guérir d’une addiction ? Faut-il privilégier

une prise en charge thérapeutique ? Médicale ? Les

réponses d’Isabelle Marchand, psychothérapeute.

“L’addiction est un problème

polymorphe et global”

face

auquel

“une prise en charge

seulement médicale est

insuffisante. Un médecin a des

objectifs de santé physique et

publique. Le médical et le thérapeu-

tique se complètent

”, explique Isa-

belle Marchand, psychothérapeute,

formée à l’approche centrée sur la

personne (ACP)de Carl Rogers.

Ainsi, à côté des médicaments,

dont certains aident indénia-

blement à gérer l’angoisse

générale et celle générée par le

sevrage,

“le meilleur moyen de guérir

de ses addictions est un travail sur soi,

qui peut être inconfortable, insécurisant

et déstabilisant”.

Pour comprendre la

nécessité de ce travail, il faut prendre

en compte les causes de l’addiction.

“On bascule dans l’addiction pour

échapper à l’angoisse, à la souf-

france. Le plaisir sert d’anesthésiant

à l’angoisse. Que ce soit avec la

nourriture, le sexe, l’alcool ou le

sport à haute dose, cela marche

ponctuellement. Cependant, comme

l’angoisse de fond n’est pas résolue,

soit il faut plus de produit pour atteindre

le plaisir, soit le manque ou la culpabi-

lité renforce l’angoisse.”

Face à cela,

“la psychothérapie aide à identifier,

accepter et comprendre les déficits

d’autorégulation pour les dépasser”.

Un regard adouci est nécessaire pour

“déminer” le terrain.

“L'acceptation de

soi dans ses difficultés actuelles permet

d'assouplir les rapports à soi-même et

à l'extérieur.”

L’ÉPOQUE EST ADDICTOGÈNE

D’autant que, selon la thérapeute,

l’époque est addictogène. Elle éloigne

l’individu de ses besoins authentiques.

“On perd son âme à vouloir répondre

auxdiktats des conditionnements subis

depuis l’enfance : consommation

outrancière, profusion, immédiateté,

performance, rentabilité… Le recours

aux anxiolytiques de toute nature est

une tentative d’atténuer ses souf-

frances et de faire face à des difficul-

tés relationnelles ou existentielles.”

Cette pression sociale se double d’une

normalisation excessive.

“Soyons

vigilants à ne pas aller trop vite dans

ni diaboliser”

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