Previous Page  55 / 136 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 55 / 136 Next Page
Page Background

juillet - août 2015

anform !

55

ma

santé

tissus gonflent, rougissent, le système

immunitaire est mobilisé (notamment

par l'augmentation de température)

pour répondre aux agresseurs (les

microbes) ou cicatriser les tissus

endommagés. Mais l'inflammation

peut gêner, notamment à cause

de la douleur. Il arrive aussi qu'elle

s'installe et devienne chronique, par

exemple en cas de rhumatisme, ou

que la fièvre monte trop. Les AINS sont

alors capables de bloquer le proces-

sus inflammatoire, en empêchant le

fonctionnement de l'une des enzymes

impliquées : la cyclo-oxygénase, alias

“Cox”. Résultat, l'inflammation dimi-

nue, la fièvre baisse, le sang coagule

moins bien.

naUSÉeS, VoMiSSeMentS…

“Chez nous, sous les tropiques, les

AINS sont à prendre avec beaucoup

de précaution,

prévient Maggy Chevry-

Nol, présidente de l'Ordre des pharma-

ciens de Guadeloupe.

Ils fluidifient le

sanget, en cas de dengue, ils peuvent

favoriser l'aggravation sous forme de

dengue hémorragique, qui peut être

mortelle. Donc, si on amal àlatête ou

que l'on se sent fiévreux, il vaut mieux

éviter les AINS et prendre du paracé-

tamol.”

En plus de cet effet, les AINS

agressent la muqueuse de l'estomac,

ce qui se traduit par des nausées, des

vomissements, des gastrites, voire

des ulcères. Il arrive aussi qu'ils pro-

voquent des réactions allergiques, des

troubles neurologiques, des œdèmes.

En augmentant la pression sanguine,

ils sollicitent plus le cœur et peuvent

augmenter le risque d'infarctus du

myocarde.

“Les AINS ne sont pas re-

commandés pour les hypertendus, qui

sont nombreux aux Antilles-Guyane”,

ajoute Maggy Chevry-Nol. La plupart

de ces effets indésirables surviennent

cependant chez des personnes qui

prennent des AINS à répétition, sur

plusieurs semaines ou plusieurs

mois. De plus, ils ne surviennent pas

systématiquement. Ils dépendent non

seulement de la molécule utilisée,

mais aussi du profil du malade. Cer-

tains médicaments affectent plutôt

le système digestif et la coagulation,

d'autres le système cardio-vasculaire.

paS À RÉpÉtition

Seul votre médecin peut vous orienter

vers le bon médicament. Notamment

en tenant compte de votre état de san-

té. Si vous êtes sensible de l'estomac

(si vous avez déjàfait un ulcère, une

hernie hiatale ou une hémorragie di-

gestive), il saura que vous êtes suscep-

tible de développer un ulcère (dont les

premiers symptômes sont souvent peu

visibles). Si vous avez une insuffisance

cardiaque, que votre tension est éle-

vée, que vous avez déjàfait un infarc-

tus, un accident vasculaire cérébral ou

souffrez de diabète, il faudra surveiller

votre tension, pour vérifier que les AINS

ne la font pas tropaugmenter. Votre

médecin s'inquiétera aussi de la santé

de vos reins, qui peuvent souffrir de

l'impact des AINS. La réduction bru-

tale de la quantité d'urine peut être un

signe d'insuffisance rénale. Enfin, les

AINS peuvent interagir avec d'autres

médicaments, qui aggraveraient leurs

effets secondaires. Prévenez votre mé-

decin notamment si vous prenez des

antidépresseurs, des anti-coagulants,

des corticoïdes... Les AINS ne seront

prescrits qu'avec grande prudence aux

Le conseil

du pharmacien

Prenez toujours votre

anti-inflammatoire

pendant un repas et

avec un liquide (un verre

d’eau, un bol de soupe).

Jamais à jeun ! En cas de

douleurs abdominales,

arrêtez le traitement et

allez consulter. Le médecin

pourra vous prescrire un

pansement gastrique.

personnes les plus fragiles. Certains

peuvent être indiqués auxfemmes en

début de grossesse, mais aucun après

24 semaines d'aménorrhée. Comme

ces molécules passent dans le lait,

elles ne doivent pas être prises par les

femmes qui allaitent. Et les personnes

âgées, qui cumulent en général plu-

sieurs facteurs de risques (tension

élevée, cœur fatigué, reins fragiles)ne

les prendront que sous haute surveil-

lance.

“Ces médicaments ne sont pas

anodins du tout,

résume Maggy Che-

vry-Nol.

Il faut donc toujours prendre

l'avis du médecin, ou au moins du

pharmacien. Et surtout ne pas dépas-

ser les doses !”

© Istockphoto