juillet - août 2015
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anform !
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ma
santé
tissus gonflent, rougissent, le système
immunitaire est mobilisé (notamment
par l'augmentation de température)
pour répondre aux agresseurs (les
microbes) ou cicatriser les tissus
endommagés. Mais l'inflammation
peut gêner, notamment à cause
de la douleur. Il arrive aussi qu'elle
s'installe et devienne chronique, par
exemple en cas de rhumatisme, ou
que la fièvre monte trop. Les AINS sont
alors capables de bloquer le proces-
sus inflammatoire, en empêchant le
fonctionnement de l'une des enzymes
impliquées : la cyclo-oxygénase, alias
“Cox”. Résultat, l'inflammation dimi-
nue, la fièvre baisse, le sang coagule
moins bien.
naUSÉeS, VoMiSSeMentS…
“Chez nous, sous les tropiques, les
AINS sont à prendre avec beaucoup
de précaution,
prévient Maggy Chevry-
Nol, présidente de l'Ordre des pharma-
ciens de Guadeloupe.
Ils fluidifient le
sanget, en cas de dengue, ils peuvent
favoriser l'aggravation sous forme de
dengue hémorragique, qui peut être
mortelle. Donc, si on amal àlatête ou
que l'on se sent fiévreux, il vaut mieux
éviter les AINS et prendre du paracé-
tamol.”
En plus de cet effet, les AINS
agressent la muqueuse de l'estomac,
ce qui se traduit par des nausées, des
vomissements, des gastrites, voire
des ulcères. Il arrive aussi qu'ils pro-
voquent des réactions allergiques, des
troubles neurologiques, des œdèmes.
En augmentant la pression sanguine,
ils sollicitent plus le cœur et peuvent
augmenter le risque d'infarctus du
myocarde.
“Les AINS ne sont pas re-
commandés pour les hypertendus, qui
sont nombreux aux Antilles-Guyane”,
ajoute Maggy Chevry-Nol. La plupart
de ces effets indésirables surviennent
cependant chez des personnes qui
prennent des AINS à répétition, sur
plusieurs semaines ou plusieurs
mois. De plus, ils ne surviennent pas
systématiquement. Ils dépendent non
seulement de la molécule utilisée,
mais aussi du profil du malade. Cer-
tains médicaments affectent plutôt
le système digestif et la coagulation,
d'autres le système cardio-vasculaire.
paS À RÉpÉtition
Seul votre médecin peut vous orienter
vers le bon médicament. Notamment
en tenant compte de votre état de san-
té. Si vous êtes sensible de l'estomac
(si vous avez déjàfait un ulcère, une
hernie hiatale ou une hémorragie di-
gestive), il saura que vous êtes suscep-
tible de développer un ulcère (dont les
premiers symptômes sont souvent peu
visibles). Si vous avez une insuffisance
cardiaque, que votre tension est éle-
vée, que vous avez déjàfait un infarc-
tus, un accident vasculaire cérébral ou
souffrez de diabète, il faudra surveiller
votre tension, pour vérifier que les AINS
ne la font pas tropaugmenter. Votre
médecin s'inquiétera aussi de la santé
de vos reins, qui peuvent souffrir de
l'impact des AINS. La réduction bru-
tale de la quantité d'urine peut être un
signe d'insuffisance rénale. Enfin, les
AINS peuvent interagir avec d'autres
médicaments, qui aggraveraient leurs
effets secondaires. Prévenez votre mé-
decin notamment si vous prenez des
antidépresseurs, des anti-coagulants,
des corticoïdes... Les AINS ne seront
prescrits qu'avec grande prudence aux
Le conseil
du pharmacien
Prenez toujours votre
anti-inflammatoire
pendant un repas et
avec un liquide (un verre
d’eau, un bol de soupe).
Jamais à jeun ! En cas de
douleurs abdominales,
arrêtez le traitement et
allez consulter. Le médecin
pourra vous prescrire un
pansement gastrique.
personnes les plus fragiles. Certains
peuvent être indiqués auxfemmes en
début de grossesse, mais aucun après
24 semaines d'aménorrhée. Comme
ces molécules passent dans le lait,
elles ne doivent pas être prises par les
femmes qui allaitent. Et les personnes
âgées, qui cumulent en général plu-
sieurs facteurs de risques (tension
élevée, cœur fatigué, reins fragiles)ne
les prendront que sous haute surveil-
lance.
“Ces médicaments ne sont pas
anodins du tout,
résume Maggy Che-
vry-Nol.
Il faut donc toujours prendre
l'avis du médecin, ou au moins du
pharmacien. Et surtout ne pas dépas-
ser les doses !”
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