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janvier - février 2015

anform !

21

L

e village de Trois-Sauts

en Guyane est isolé en

amont du fleuve Oya-

pock. Ses 450 habitants

amérindiens yvivent de manière tra-

ditionnelle. Pourtant, en 2006, une

analyse montrait que 8% des bacté-

ries

Escherichia coli

excrétées dans

leurs selles étaient résistantes aux

céphalosporines de 3

ème

génération.

Laprescriptionde cet antibiotique a

étélimitée et,en2010,laproportion

de bactéries résistantes estpassée à

5,2 %.Àl'heure où l'Agence dumé-

dicament tire la sonnette d'alarme,

enconstatant que larésistance bac-

térienne continue de progresser, cet

exemple démontre que les efforts

peuvent payer.

ANTIBIOTHÉRAPIE

Une lutte essentielle. Car c'est bien

à l'introduction des antibiotiques

dans notre pharmacopée que nous

devons une grande partie de l'amé-

lioration de notre santé depuis les

années 1950. Entuant ouenempê-

chant le développement de bacté-

ries pathogènes, ces médicaments

ont permis de soigner de nom-

breuses maladies parfois considé-

rées comme incurables (dysenterie

bactérienne, fièvre typhoïde, lèpre,

peste, tuberculose, typhus, choléra,

syphilis…). Dans les années 1970,

•••

on pensait même qu'ils permet-

traient de venir àbout des maladies

infectieuses. Ils furent donc utilisés

de manière massive, parfois sur des

personnes en pleine santé à titre

préventif. Les animauxdomestiques

et d'élevage ont été mis eux aussi

au régime antibiotique. Non seule-

ment ils les protègent des maladies

mais, enplus, ils accélèrent lacrois-

sance dubétail.

RÉSISTANCE DES BACTÉRIES

Pourtant, un peu partout dans le

monde, les preuves d'une baisse

d'efficacité des antibiotiques se

sont accumulées. La pénicilline

combat de moins enmoins bien les

pneumocoques, responsables de

pneumopathies, de méningites et

d'otites. À Paris, près de la moitié

des otites récidivantes de l'enfant

ne peuvent plus être traitées par

cet antibiotique. De nombreuses

souches de staphylocoque doré, à

© hemera

question d'actu

l'origine d'abcès oude septicémies,

ne semblent plus empoisonnées par

les antibiotiques classiques. Les en-

térocoques, des bactéries présentes

normalementdans l'intestinpouvant

aussi causer de graves endocardites

et septicémies, non plus. Selon un

communiquéde l'Agence nationale

de sécuritédumédicament (ANSM)

publié en novembre dernier, plus

de 25 000 personnes décèdent

chaque année en Europe à cause

des résistances développées par les

bactéries. Car si les antibiotiques

s'avèrent moins efficaces, c'est

que les bactéries ont appris à s'en

protéger en développant des résis-

tances. Comment font-elles ? Les

résistances apparaissent au hasard

des mutations, oudes échanges de

gènes qui se produisent entre les

bactéries. Le hasard fait qu'il arrive

que ces mutations empêchent un

antibiotique d'agir sur une bacté-

rie. Elles sont devenues résistantes,