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janvier - février 2015
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question d'actu
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parfois même à plusieurs familles
d’antibiotiques. Ce phénomène ré-
duit les possibilités de traitement en
cas d’infection. L'acquisition d'une
résistance est facilitée par l'usage
massif des antibiotiques. Eneffet, si
une population de bactéries, com-
prenant quelques individus résis-
tants, est confrontée à un antibio-
tique, celui-ci vadétruire toutes les
bactéries, sauf les résistantes. Sans
compétiteur pour l'espace ni pour la
nourriture, ces bactéries résistantes
se développent très vite.
NOUVELLES MOLÉCULES
Pour lutter contre l'apparition des
résistances, une solution consiste-
rait àmettre au point de nouveaux
antibiotiques. Hélas, la concep-
tion d'un médicament prend au
minimum10 à 15 ans. Ce qui est
très long. Et l'industrie pharmaceu-
tique est en panne. Les crédits de
recherche, pour des molécules que
l'on vend peu cher, dont l'usage
est réduit à quelques jours, et que
l'on recommande d'utiliser peu,
ont nettement diminué. De petites
sociétés innovantes testent cepen-
dant de nouvelles approches, par
exemple en s'attaquant aux méca-
nismes de résistance eux-mêmes.
L'autre solution consiste à réduire
l'utilisation des antibiotiques au
strict nécessaire. Ce fut le but de la
campagne
“Les antibiotiques, c'est
pas automatique”,
menée de 2002
à2007par laSécuritésociale, et de
celle qui suivit
(“Si tu les utilises à
tort, ils seront moins forts”)
. L'idée
était de ne plus prescrire systéma-
tiquement des antibiotiques face
à une infection ou en préventif, et
de ne prescrire que l'antibiotique
utile contre labactérie responsable
de la maladie, identifiée grâce à
un antibiogramme. Une campagne
qui a porté ses fruits. Aujourd'hui,
la France n’est plus le premier
consommateur d’antibiotiques en
Europe. Mais elle fait toujours partie
des pays les plus consommateurs et
oùles résistances bactériennes sont
lesplus fréquentes. Et, si laconsom-
mationglobale d'antibiotiques avait
baisséde 19% entre 2000 et 2004,
elle est repartie à lahausse depuis
2005. Pour le professeur Antoine
Andremont, qui dirige le laboratoire
de bactériologie à l'hôpital Bichat
(Paris)*, il est urgent de promouvoir
la recherche de nouvelles molé-
cules et de renforcer lalutte contre
l'usage tropmassif d'antibiotiques :
“Aujourd'hui, on estime que 50 à
80 % des antibiotiques sont utilisés
mal à propos. Si nous continuons,
d'ici 20 ans, des opérations bé-
nignes pourront devenir
mortelles.”
*
Antibiotiques, le naufrage,
Pr Antoine Andremont avec
Stephan Muller, éditions
Bayard, 2014
Usage vétérinaire :
en progrès !
selon l’autorité
européenne de
sécurité des aliments,
l’industrialisation des
élevages (cochons,
poulets, veaux…) a
joué aussi un rôle dans
le développement de
souches résistantes aux
antibiotiques, dans les
années 1960. dans un
rapport paru fin 2014,
l'agence nationale
de sécurité sanitaire
de l'alimentation, de
l'environnement et du
travail, saluait les progrès
réalisés dans la lutte
contre l'utilisation de
ces molécules. en 2013,
le niveau d’exposition
des animaux aux
antibiotiques est pour la
première fois inférieur à
celui de 1999, année de
lancement du plan de
surveillance (- 5,5 %).
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