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janvier - février 2017

anform !

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ses bons comportements,afin de l'en-

courager à se développer, d’accroître

son estime de lui-même et acquérir

une solide identité

interne.En

somme,

l’accompagner dans la vie plutôt que

de le “dresser”.

“Éduquer vient du

latin

ex-ducere

qui veut dire guider”

,

explique Johanna Grego, orthoptiste

et initiatrice d'un programme et d'ate-

liers sur une“parentalité bienveillante

et respectueuse”de l’enfant.

non Violente

Voilà pourquoi l'éducation positive

ne recommande pas les décisions

prises sous le coup de la colère. En

2002, une analyse de 88 études

mondiales (

Psychological Bulletin

) a

exposé les conséquences des châti-

ments corporels (tapes,gifles,fessées,

etc.) : grande agressivité ultérieure,

dégradation du lien parents-enfants,

hausse des comportements délin-

quants et propension à maltraiter,

ensuite,ses propres

enfants.La

majo-

rité des professionnels de l’enfance

soutiennent cette

analyse.La

violence

physique sert davantage de défouloir

aux adultes que d’outil d’apprentis-

sage.

“Je tape de temps en temps,

mais plus par agacement, colère,

fatigue. Mais mes parents aussi me

donnaient des fessées. Ça ne m’a

jamais fait de mal”

, rétorque Sylvie,

28 ans. éduquer auparavant n'avait

peut-être pas la même signification

qu'aujourd'hui. Nourrir ses enfants,

s'assurer qu'ils puissent aller à l'école

et travailler constituaient des objectifs

louables.Mais certains se rappellent

de leur enfance avec amertume :

“Si

je perdais mes lunettes, cela me va-

lait une raclée par mon père. Jamais

je ne l'aimerai autant que ma mère.

Cela ne se rattrape pas. J’ai eu trop

mal”

,se souvient Karine,42ans,mère

de 3enfants.Avec les coups,les humi-

liations, les punitions à tout bout de

champ, l’enfant s’endurcit au lieu de

comprendre ses erreurs et perd peu à

peu l'estime de lui-même.

À la poRtée de touS

Mais pour ses détracteurs,l’éducation

positive n’est pas aussi positive qu’on

le croit. Elle contribue à culpabiliser

davantage les parents qui font déjà du

mieux qu’ils peuvent.Àla course aux

parents parfaits, tout le monde perd !

Pour d’autres, elle est une pédago-

gie utopiste, au mieux laxiste.“Non”,

répondent ses

défenseurs.Il

s'agit de

ne plus voir les enfants comme de pe-

tits tyrans qu’il faut“mater”,ni comme

des“enfants rois”auxquels il faut tout

permettre. Ce laisser-faire n’est pas

C’est la crise, que faire ?

Johanna grego, orthoptiste et initiatrice d'un programme et

d'ateliers sur une “Parentalité bienveillante et respectueuse”

de l’enfant, conseille de :

rester calme.

Que faites-vous devant une cocotte-minute

sous pression, ravivez-vous le feu encore plus fort ?

se mettre à la hauteur de l'enfant,

voire lui poser la main

sur l’épaule ;

formuler les raisons des pleurs ou de la colère :

Tu veux

ce biscuit au chocolat maintenant et tu es en colère parce

que je t’ai dit non, car ce n’est pas l’heure. Nous allons dîner

dans peu de temps”

;

attirer son attention sur autre chose.

Derrière un non, il

faut un oui :

“Viens, allons préparer un super dessert pour

ce soir !”

Dossier

plus bénéfique à l’enfant que l’auto-

ritarisme. Sans repères, sans guides,

il risque de se sentir abandonné.

“Le

juste milieu, c’est toute la difficulté

pour le parent. Une parentalité bien-

veillante et respectueuse de l'enfant

est une démarche à la portée de tous

les parents quels que soient leur vécu,

leur caractère, leur milieu social”

,

apprécie Johanna Grego.Alors com-

ment mettre en place une éducation

différente ? Comment s’affranchir de

certains schémas parentaux ? Une

thérapie est parfois nécessaire.

“On

peut aider les parents à comprendre

leur propre fonctionnement pour

qu’ils puissent aller vers une éduca-

tion plus positive et plus adaptée au

développement de l'enfant”

, rassure

Christelle Cuche.Changer sa façon de

voir est un travail.

“On peut considérer

l'éducation positive comme l'appren-

tissage d'une nouvelle langue.”