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mars - avril 2016

anform !

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psycho

2 QUESTIONS À…

Frédéric Arron,

coach en développement

personnel.

Pourquoi cette peur de dire non ?

Nous pouvons être tentés de percevoir notre non

comme un double rejet. D’abord comme le rejet de

l’autre, à qui nous nous opposons, et ensuite, comme

rejet de nous-mêmes par l’autre. La peur du rejet est

l’une de nos plus grandes peurs. Nous avons tous envie

d’être aimés et appréciés, et à court terme, il est plus

facile de se faire apprécier en disant oui. Le oui est le

mot de la socialisation par excellence, alors que le non

crée une séparation, certes bien souvent nécessaire,

mais plus facilement perçue comme un risque. À l’heure

où le positivisme à l’excès semble devenir la norme, le

contexte reste favorable à cette peur du non.

Comment dire non, notamment dans le milieu

professionnel ?

Dire non en plusieurs temps.

Si vous ne vous sentez

pas le courage d’affronter votre interlocuteur avec le

simple mot non, commencez par annoncer la couleur :

Cela me paraît difficile”, “Hum, je vais voir ce que je

peux faire mais je ne vous garantis rien.”

Faire la distinction entre une personne et son com-

portement.

Vous pouvez rejeter un comportement

sans rejeter une personne. “

Vous êtes une personne

charmante mais je ne peux pas tolérer un tel comporte-

ment. C’est inacceptable”

est très différent de :

“Je ne

peux pas vous tolérer ici !”

Le disque rayé.

Répétez inlassablement votre refus,

quels que soient les arguments de l’autre.

“Je com-

prends bien, mais cela ne va pas être possible.”

Une autre formule très efficace est la suivante :

“Ce

n’est pas contre toi, c’est pour moi.”

Très efficace si, par

exemple, vous refusez de surcharger votre emploi du

temps. Ainsi, le non aura moins de chance d’être perçu

comme une agression. Étonnamment, les gens ont ten-

dance à bien comprendre cette attitude à une époque

où l’on a moins de temps pour tout.

ressants”.

Sortir de l’autocritique

systématique, arrêter de vouloir

être quelqu’un d’autre et s’aimer

permet d’exprimer son opinion,

ses besoins, ses différences sans

craindre le regard de l’autre. Dans

ce contexte, oser dire non peut être

perçu comme un acte d’amour

pour soi permettant de rester en

phase avec soi-même et sincère

avec les autres. La sincérité étant

un ingrédient indispensable pour

bâtir des relations durables.

“Je

me rends compte que les gens

les plus populaires sont ceux qui

disent ce qu’ils veulent en toute

sincérité. Dès qu’on cherche à

plaire aux autres, ça se voit tout de

suite”,

reconnaît Christelle.

S’AFFIRMER

S’affirmer en disant non, c’est

montrer qu’on existe. Il ne s’agit

pas de s

’imposer.Ce

qui signifierait

entrer dans l’existence de l’autre.

S’affirmer et s’imposer sont sou-

vent confondus dans notre société,

explique Florence Gavaly, psycho-

logue du travail. S’affirmer, c’est

aussi prendre le risque de perdre

la face devant les autres. C’est un

risque à prendre, une preuve de

courage, car les bénéfices perçus

en terme d’autosatisfaction sont

indéniables.

“Je me sens soulagé

d’avoir dit tout haut ce que les

autres pensent tout bas. Ça permet

de sortir des discussions creuses

et de rentrer dans le vif du sujet.”