

mars - avril 2016
•
anform !
89
psycho
2 QUESTIONS À…
Frédéric Arron,
coach en développement
personnel.
Pourquoi cette peur de dire non ?
Nous pouvons être tentés de percevoir notre non
comme un double rejet. D’abord comme le rejet de
l’autre, à qui nous nous opposons, et ensuite, comme
rejet de nous-mêmes par l’autre. La peur du rejet est
l’une de nos plus grandes peurs. Nous avons tous envie
d’être aimés et appréciés, et à court terme, il est plus
facile de se faire apprécier en disant oui. Le oui est le
mot de la socialisation par excellence, alors que le non
crée une séparation, certes bien souvent nécessaire,
mais plus facilement perçue comme un risque. À l’heure
où le positivisme à l’excès semble devenir la norme, le
contexte reste favorable à cette peur du non.
Comment dire non, notamment dans le milieu
professionnel ?
Dire non en plusieurs temps.
Si vous ne vous sentez
pas le courage d’affronter votre interlocuteur avec le
simple mot non, commencez par annoncer la couleur :
“
Cela me paraît difficile”, “Hum, je vais voir ce que je
peux faire mais je ne vous garantis rien.”
Faire la distinction entre une personne et son com-
portement.
Vous pouvez rejeter un comportement
sans rejeter une personne. “
Vous êtes une personne
charmante mais je ne peux pas tolérer un tel comporte-
ment. C’est inacceptable”
est très différent de :
“Je ne
peux pas vous tolérer ici !”
Le disque rayé.
Répétez inlassablement votre refus,
quels que soient les arguments de l’autre.
“Je com-
prends bien, mais cela ne va pas être possible.”
Une autre formule très efficace est la suivante :
“Ce
n’est pas contre toi, c’est pour moi.”
Très efficace si, par
exemple, vous refusez de surcharger votre emploi du
temps. Ainsi, le non aura moins de chance d’être perçu
comme une agression. Étonnamment, les gens ont ten-
dance à bien comprendre cette attitude à une époque
où l’on a moins de temps pour tout.
ressants”.
Sortir de l’autocritique
systématique, arrêter de vouloir
être quelqu’un d’autre et s’aimer
permet d’exprimer son opinion,
ses besoins, ses différences sans
craindre le regard de l’autre. Dans
ce contexte, oser dire non peut être
perçu comme un acte d’amour
pour soi permettant de rester en
phase avec soi-même et sincère
avec les autres. La sincérité étant
un ingrédient indispensable pour
bâtir des relations durables.
“Je
me rends compte que les gens
les plus populaires sont ceux qui
disent ce qu’ils veulent en toute
sincérité. Dès qu’on cherche à
plaire aux autres, ça se voit tout de
suite”,
reconnaît Christelle.
S’AFFIRMER
S’affirmer en disant non, c’est
montrer qu’on existe. Il ne s’agit
pas de s
’imposer.Cequi signifierait
entrer dans l’existence de l’autre.
S’affirmer et s’imposer sont sou-
vent confondus dans notre société,
explique Florence Gavaly, psycho-
logue du travail. S’affirmer, c’est
aussi prendre le risque de perdre
la face devant les autres. C’est un
risque à prendre, une preuve de
courage, car les bénéfices perçus
en terme d’autosatisfaction sont
indéniables.
“Je me sens soulagé
d’avoir dit tout haut ce que les
autres pensent tout bas. Ça permet
de sortir des discussions creuses
et de rentrer dans le vif du sujet.”