

mai - juin 2015
•
anform !
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ma
santé
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“60
à 80%des
p a t i e n t s
consultent
en méde-
cines complémentaires à l’extérieur
de l’hôpital. On a une mission de
service public et on est très attaché
au fait que chacun puisse bénéficier
de ce qui existe
”, explique Véronique
Mahé, médecin en charge des méde-
cines complémentaires au siège de
l’assistance publique-hôpitaux de Paris
(AP-HP).C’est pourquoi un comité hos-
pitalo-universitaire pour les médecines
complémentaires a vu le jour pour faire
le point sur ces pratiques au sein de
l’hôpital. Mais aussi pour les promou-
voir. En 2012, un rapport est initié.
“Ce
rapport a eu comme premier effet de
dire qu’il y a des pratiques complé-
mentaires à l’hôpital, à l’insu de la
connaissance générale. Si ça existe, il
faut qu’on s’en occupe,pour s’assurer
que c’est bien fait, en toute sécurité
pour le patient,c’est-à-dire par des pro-
fessionnels bien formés.”
MÉDECINES
COMPLÉMENTAIRES
Selon le docteur Mahé, 4 médecines
complémentaires sont principalement
pratiquées aux hôpitaux de Paris :
l’hypnose, l’ostéopathie, l’acupunc-
ture et le toucher massage.
“Si toutes
s’adressent aux patients douloureux,
elles ont d’autres indications. Notam-
ment, aider à supporter les effets
secondaires de traitements lourds
ou le stress généré par des maladies
graves ou chroniques.”
L’hypnose, par
exemple, est utilisée par les infirmiers,
les médecins anesthésistes pour les
actes médicaux simples mais aussi
pour les gestes plus difficiles comme
la perfusion ou encore lors d’actes
chirurgicaux. Le toucher massage est
pratiqué fréquemment en gériatrie.
Il s’agit là d’une approche douce,
d’un toucher qualifié d’empathique.
Une des missions du comité pour les
médecines complémentaires est de
faire reculer les réticences. Pour ce
faire, 4 protocoles de recherche (sur
la même méthode que les recherches
classiques) ont été mis en place pour
vérifier l’efficacité de ses pratiques.
Un travail de longue haleine, confie
le docteur Mahé qui reste cependant
optimiste pour la progression de ces
pratiques au sein de l’hôpital.
“Des
médecins vont se former à ces tech-
niques complémentaires parce qu’ils
se rendront compte qu’avoir cet outil
à disposition peut leur rendre service.”
L’ACUPUNCTURE CONTRE
LES EFFETS DU CRACK
En Martinique, depuis 20 ans, le doc-
teur Bruno Desbois utilise l’acupunc-
ture dans le service d’addictologie de
l’hôpital Clarac.Cette technique basée
sur la circulation des énergies du corps
permet de traiter les problèmes de toxi-
comanie.Etplus particulièrement l’ad-
diction au crack et ses conséquences
sur le corps. Il explique qu’en Asie,“
on
considère que tout doit être en mouve-
ment pour maintenir la santé du corps.
Les pathologies apparaissent quand
les choses s’arrêtent de circuler. Le
moteur de la circulation,c’est l’énergie.
Dans la toxicomanie,toutes les modifi-
cations énergétiques ont un impact sur
la santé.”
DES PLANTES CONTRE
LE CHIKUNGUNYA
Avec près de 2 000 consultations par
an, ce traitement semble être satisfai-
sant et bien perçu dans le circuit médi-
cal.
“Les gens voient l’impact de l’acu-
puncture sur le fonctionnement global
du service. Les patients sont vraiment
fidèles.Ils sont calmes.Ils apparaissent
moins vulnérables au stress et plus
enclins à des prises en charge de réin-
sertion ou psychologiques”
, affirme le
spécialiste. L’acupuncture est égale-
ment employée au CHU par le docteur
Spillner pour traiter la douleur au sein
de l’unité mobile de la douleur.Une dé-
coction à base de plantes médicinales,
voilà ce que propose depuis plusieurs
mois le centre hospitalier de Mango
Vulcin pour traiter les douleurs liées au
chikugunya.Une solution approuvée et
encadrée par le docteur Patrick René-
Corail, chef de service de l’établisse-
ment.
“On commence par les anti-in-
flammatoires,tout ce qui est classique,