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mai - juin 2015

anform !

41

ma

santé

P

armi les minéraux et les

oligo-éléments essentiels

au fonctionnement de

notre organisme, certains

sont des métaux. C'est le cas par

exemple du fer, élément constitutif de

l'hémoglobine, la molécule qui assure

le transport de l'oxygène dans le sang.

Mais aussi du magnésium, dont dé-

pendent pas moins de 300 synthèses

d'enzymes (dont celle de l'ADN). Ou

encore du cuivre, du zinc... La pré-

sence de métaux dans notre orga-

nisme est donc tout à fait normale et

indispensable à la vie.

POINT TROP N’EN FAUT !

Ces éléments doivent demeurer en

faibles quantités dans notre corps.

Qu'ils soient essentiels à notre orga-

nisme ou qu'ils n'aient aucune fonc-

tion biologique, les métaux présentent

tous, en excès, des risques pour la

santé. Comment absorbons-nous ces

éléments ? Ils sont présents naturelle-

ment dans notre environnement, mais

aussi utilisés industriellement et émis

sous forme de très fines particules

dans l’air. Ces particules se retrouvent

dans les sols et contaminent progres-

sivement les végétaux et les animaux,

pour se retrouver dans nos assiettes.

Parmi les plus toxiques, le plomb, tris-

tement célèbre pour être responsable

du saturnisme, une maladie carac-

térisée par des troubles du dévelop-

pement cérébral, des perturbations

psychologiques et des difficultés

d’apprentissage chez les enfants. Ou

encore le mercure, un puissant neu-

rotoxique (toxique pour le système

nerveux) et également reprotoxique

(altérations du développement, mal-

formations chez les enfants exposés

pendant la grossesse). Mais aussi

l'aluminium, l'arsenic, le cadnium,

le chrome VI, le cuivre, le nickel et le

vanadium.

RECUL DU PLOMB

Publiée en 2011, une étude de l’Ins-

titut national de veille sanitaire avait

pour objectif d'évaluer l'exposition de

la population française aux métaux.

Pour cela, des prélèvements de sang,

d'urines et de cheveux ont été réalisés

sur près de 5 000 personnes. Ces

prélèvements ont été analysés afin de

déterminer l'exposition à 11 métaux.

Résultats : l'exposition est globale-

ment basse et en accord avec les

standards d'autres pays européens.

D'autre part, l'exposition au plomb, vé-

ritable problème de santé publique en

raison de son utilisation massive dans

l'habitat (peinture au plomb) jusqu'au

milieu du XX

e

siècle, mais aussi à tra-

vers les émissions atmosphériques

(essence au plomb jusque dans les

années 1990) a fortement reculé ces

dernières décennies.

Aux Antilles, un

des volets de l'étude Kanari (sur la

chlordécone) s'intéresse à l'exposition

aux métaux. Les prélèvements ont été

réalisés et les analyses sont en cours

pour la chlordécone. Le travail de re-

cherche sur les métaux est en attente

de financements...

En Guyane,

le mercure

de l’orpaillage

Des études réalisées en

Guyane ont montré que

le taux d'exposition de la

population au mercure était

plus élevé que celui de la

population hexagonale. En

cause ? Une alimentation

riche en poissons dont cer-

taines espèces ont accumulé

du mercure.

“Le mercure que

l'on retrouve dans les écosys-

tèmes peut avoir plusieurs

origines,

explique l’écotoxi-

cologue Frédéric Gimbert,

qui travaille au CNRS-Univer-

sité de Franche-Comté sur

l'impact de l'orpaillage et la

contamination au mercure

à travers les chaînes alimen-

taires.

Tout d'abord, le sol

guyanais est naturellement

riche en mercure. On y

trouve des taux de mercure

“naturel”, en moyenne 4

à 5 fois plus élevés qu'en

Métropole. D'autre part, les

activités d'orpaillage sont

émettrices de mercure, que

ce soit l'orpaillage clandestin,

où du mercure “industriel”

est déversé sur les sites,

ou avec les techniques qui

remobilisent les sols et, par

conséquent, réinjectent le

mercure “naturel” (qui était

piégé dans les sédiments)

dans les rivières.”