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janvier - février 2016

anform !

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rence me nourrit. J’ai effectué plus

de 20 accompagnements d’enfants,

âgés de 8 à 18 ans. Un enfant vous

donne de formidables leçons de vie.

Devant la maladie,il est souvent plus

philosophe qu'un adulte face à ses

tracas quotidiens. Les enfants vivent

dans l’instant présent. Ils m’ont

appris à vivre dans l’optimisme et

dans la joie, à ne plus me plaindre.

Lorsque je rencontre l'enfant pour

la première fois, je lui demande

d'inventer un héros, le sien. Le fil de

la narration se déroule alors que

l'enfant investit très vite l'espace

de liberté qui lui est offert afin de

délivrer un témoignage inédit, une

trace pour sa famille. Les enfants

que j’accompagne sont des héros !

C’est ainsi qu’est née ma collection

La petite fabrique de héros.

Chaque

ouvrage n’est tiré qu’à une dizaine

d’exemplaires destinés en majorité

à la famille et le reste au service

hospitalier.

comment se fait le choix

de l’enfant à accompagner ?

C’est l’équipe pédiatrique et péda-

gogique de l’hôpital qui repère les

enfants isolés ou en souffrance.

Ceux-ci deviennent souvent très

affables lorsque la connexion s’est

établie avec moi. Je recueille leur

parole, je les fais dessiner puis les

relie peu à peu à leur héros person-

nel. Car chaque enfant est doté de

superpouvoirs ! Les enfants malades

délivrent des messages d’une matu-

rité incroyable. Chaque enfant vit sa

propre aventure et,lorsqu’il découvre

son livre,il est généralement très fier,

surpris de la qualité de l’ouvrage et

d’avoir fait un VRAI livre !

Vous avez récemment été invitée

par l’association guadeloupe

espoir drépanocytose. comment

se sont déroulés les entretiens

avec les enfants ?

Je ne connaissais pas cette mala-

die avant. Depuis, je me tiens

informée. Comme tous les enfants

gravement malades, les enfants

drépanocytaires ont parfois du mal

à verbaliser, à mettre des mots sur

ce qu'ils traversent. La distanciation

au héros leur permet de s'exprimer,

d'évacuer les tensions,les questions

trop lourdes, les peurs. Àtravers les

aventures du héros, l'enfant s'évade

dans des pays imaginaires et tient à

distance, pour un temps, la maladie.

Au cours du 1

er

trimestre 2016, je

commencerai un travail individuel

en accompagnant deux enfants

guadeloupéens

drépanocytaires

qui seront hospitalisés à Paris

durant plusieurs mois. Je ferai

le voyage chaque semaine du

Jura à Paris pour leur per-

mettre d'écrire leur livre. Et

j'en suis très heureuse.

Plus d’infos : http:/traces-

2vies.blogspot.fr/

© ISTOCK

ma

santé

“Oui, c’est vrai,

j’ai le cancer, mais moi

j’ai fait un livre !

C’est trop classe !”

Elio

“L’héroïne, c’est moi !

Et mon pouvoir, c’est de guérir !”

Sabine