

janvier - février 2016
•
anform !
63
rence me nourrit. J’ai effectué plus
de 20 accompagnements d’enfants,
âgés de 8 à 18 ans. Un enfant vous
donne de formidables leçons de vie.
Devant la maladie,il est souvent plus
philosophe qu'un adulte face à ses
tracas quotidiens. Les enfants vivent
dans l’instant présent. Ils m’ont
appris à vivre dans l’optimisme et
dans la joie, à ne plus me plaindre.
Lorsque je rencontre l'enfant pour
la première fois, je lui demande
d'inventer un héros, le sien. Le fil de
la narration se déroule alors que
l'enfant investit très vite l'espace
de liberté qui lui est offert afin de
délivrer un témoignage inédit, une
trace pour sa famille. Les enfants
que j’accompagne sont des héros !
C’est ainsi qu’est née ma collection
La petite fabrique de héros.
Chaque
ouvrage n’est tiré qu’à une dizaine
d’exemplaires destinés en majorité
à la famille et le reste au service
hospitalier.
comment se fait le choix
de l’enfant à accompagner ?
C’est l’équipe pédiatrique et péda-
gogique de l’hôpital qui repère les
enfants isolés ou en souffrance.
Ceux-ci deviennent souvent très
affables lorsque la connexion s’est
établie avec moi. Je recueille leur
parole, je les fais dessiner puis les
relie peu à peu à leur héros person-
nel. Car chaque enfant est doté de
superpouvoirs ! Les enfants malades
délivrent des messages d’une matu-
rité incroyable. Chaque enfant vit sa
propre aventure et,lorsqu’il découvre
son livre,il est généralement très fier,
surpris de la qualité de l’ouvrage et
d’avoir fait un VRAI livre !
Vous avez récemment été invitée
par l’association guadeloupe
espoir drépanocytose. comment
se sont déroulés les entretiens
avec les enfants ?
Je ne connaissais pas cette mala-
die avant. Depuis, je me tiens
informée. Comme tous les enfants
gravement malades, les enfants
drépanocytaires ont parfois du mal
à verbaliser, à mettre des mots sur
ce qu'ils traversent. La distanciation
au héros leur permet de s'exprimer,
d'évacuer les tensions,les questions
trop lourdes, les peurs. Àtravers les
aventures du héros, l'enfant s'évade
dans des pays imaginaires et tient à
distance, pour un temps, la maladie.
Au cours du 1
er
trimestre 2016, je
commencerai un travail individuel
en accompagnant deux enfants
guadeloupéens
drépanocytaires
qui seront hospitalisés à Paris
durant plusieurs mois. Je ferai
le voyage chaque semaine du
Jura à Paris pour leur per-
mettre d'écrire leur livre. Et
j'en suis très heureuse.
Plus d’infos : http:/traces-
2vies.blogspot.fr/© ISTOCK
ma
santé
“Oui, c’est vrai,
j’ai le cancer, mais moi
j’ai fait un livre !
C’est trop classe !”
Elio
“L’héroïne, c’est moi !
Et mon pouvoir, c’est de guérir !”
Sabine