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anform !
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décembre - janvier 2017
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caine, Zipline, est donc en train d'y
mener une première expérience de
livraison par drone. Elle utilise de
petits avions de 3 m d’envergure,
capables de transporter 10 kg de
matériel sur une distance de 50 km.
L'idée est de transporter ainsi des
poches de sang aux hôpitaux et
sauver des vies... Dans la pratique,
les hôpitaux adressent leurs besoins
par SMS. Le drone est chargé et se
dirige par GPS. Arrivé à destination,
il largue son chargement qui, muni
d'un petit parachute,atterrit en dou-
ceur où il peut être récupéré par
les médecins. L'Unicef travaille de
son côté au Malawi sur un projet
comparable. Le but est cette fois-ci
de faire parvenir rapidement à des
laboratoires d'analyse des échan-
tillons de sang prélevés sur des
nouveau-nés afin d'identifier ceux
qui ont été contaminés par le Sida.
De la rapidité de la réponse dépend
en effet le traitement de l'enfant et,
donc, sa survie. Les projets peuvent
sembler simples, mais ne le sont
pas.
“D'un point de vue technique,
c'est assez facile de faire du pilo-
tage automatique longue portée
avec une charge de quelques
kilogrammes,
précise Guillaume
Berthier.
Mais ce qui freine, c'est la
législation.”
Que dit la loi ?
La France est un des pays où la loi
sur les drones est la plus restrictive.
Ceux-ci ne peuvent être conduits
que par un opérateur français qui
détient la partie théorique de la
licence de pilote. Aujourd'hui, si le
drone fait plus de
4 kg, le pilote
Créé en juin 2015, le consortium
Drones for life
rassemble des
acteurs privés et publics, de l'aviation et de la santé (le CHU
de Bordeaux, la société pharmaceutique Abbott, le bureau
d'ingénierie
BeTomorrow
, le spécialiste des drones Sysveo,
l’Agence régionale de santé Aquitaine, la Direction de la Sécurité
de l'Aviation civile sud-ouest (DSAC-SO), et le réseau d'acteurs
autour des drones AETOS). Leur projet est de démontrer que l'on
peut transporter ainsi des échantillons de sang et d’organes à
destination de l’hôpital. Ils suivront un couloir aérien bien précis
et choisi à l’avance, et seront guidés par des pilotes spécialement
formés à l'exercice, capables de faire arriver à bon port leur colis
même si les conditions météo ne sont pas bonnes. Le consortium
souhaite faire la preuve que ce modèle est utile, sans danger pour
les populations survolées et économiquement viable. Leur but
affiché : commercialiser de tels engins en Europe en 2017. Mais
avant, il leur faudra changer la loi !
Utiles et sans dangers ?
doit toujours avoir son drone en vue,
voler uniquement en journée, ja-
mais au-dessus de zones urbaines
ni de rassemblements humains...
entre autres. Toute dérogation est
soumise à une demande d'auto-
risation auprès de la préfecture et
de la Direction générale de l'avia-
tion civile.
“En France, l'utilisation
des drones à des fins médicales
est une idée très prise au sérieux
qui pourrait voir le jour prochaine-
ment. Les secteurs géographiques
concernés sont des lieux avec une
très faible densité de population
(et par conséquent avec des zones
fortement enclavées)”
,conclut Guil-
laume Berthier.