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octobre - novembre 2016

anform !

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P

eut-on supposer qu’avec

les NTIC, notre cerveau

changera de forme, de

taille ou de manière de

fonctionner ?

“Oui”

, affirme Shawn

Green, psychologue de l'université

du Wisconsin. Depuis une trentaine

d’années, les recherches sur les ef-

fets des jeuxvidéo s’intéressent aux

modifications comportementales et

cérébrales liées àcette pratique.Des

études ont montré qu’ils améliorent

le temps de vitesse du traitement de

l’information,de réaction,les tâches

de contrôle exécutif et la mémoire

des seniors

(1)

. Les jeux vidéo et

internet activeraient les régions

postérieures du cerveau qui corres-

pondent auxparties visuelles senso-

rielles et àl’intelligence élémentaire.

Une étude a même montré que les

ados,qui passent plus de 9 h par se-

maine derrière leur écran,voient une

partie de leur cerveau augmenter,le

striatum, lié au système de récom-

pense

(2)

.Aussi,la recherche universi-

taire suggère que le jeu améliore la

créativité,la prise de décision rapide

et les capacités d’attention visuelle.

Cependant, il délaisserait le cortex

préfrontal, siège de fonctions cogni-

tives dites supérieures (langage,mé-

moire de travail, raisonnement…).

Les enfants d’aujourd’hui auraient

plus de mal àstructurer leur pensée.

Plus d’obèses ?

“Plus on passe de temps assis à

regarder la télévision, moins on fait

de l’exercice physique. Cela contri-

bue incontestablement à la pous-

sée de l’obésité, surtout chez les

plus jeunes”

,met en garde Georges

Jean-Baptiste, professeur de rhu-

matologie. Pire, selon une étude

réalisée par Statistique Canada, les

enfants qui passent plus de 2 h par

jour devant l’écran sont 2 fois plus

susceptibles d’être obèses que ceux

y qui passent 1 h. Cependant, les

programmes d’entraînement phy-

sique (

exergame

) combineraient à

la fois augmentation significative de

la dépense énergétique et activité

cardio-respiratoire. Mais une étude

vient de prouver que jouer aux jeux

de fitness ne serait pas d’un grand

secours pour faire bouger les en-

fants en surpoids

(3)

.

Des cycles biologiques

modifiés ?

Si vous voulez dormir, éteignez vos

écrans ! La lumière est fondamen-

tale dans la régularisation de nos

rythmes biologiques et donc de

notre sommeil. Or, la télévision est

source de bruit et de lumière. Dé-

pression et troubles métaboliques

résultent de l’utilisation des écrans,

y compris le téléphone portable, au

coucher. Mais ce n’est pas tout : la

lumière bleue,émise par ces mêmes

écrans, perturberait la mélatonine,

hormone de notre sommeil, selon

une étude américaine parue dans la

revue

Applied Ergonomics

. En 2011,

une équipe suisse avait déjàconsta-

té que les écrans LED d’ordinateur

modifiaient nos cycles biologiques

et nos performances intellectuelles,

surtout chez les enfants. Des cher-

cheurs ont depuis analysé les taux

d’hormones chez des adolescents,

après l’utilisation d’une tablette

numérique rétroéclairée, dans l’obs-

curité. Résultat : au bout de 2 h

d’exposition, la suppression de la

mélatonine a été de 22 % chez

ces jeunes. La population la plus à

risque semble donc être celle des

adolescents qui multiplient les loi-

sirs (internet,console,vidéos) ou le

travail sur ordinateur et console le

soir. 

Une génération TMS ?

Les mauvaises postures devant

un écran engendrent souvent des

troubles musculosquelettiques

(TMS). Mal s’installer devant son

ordinateur aura des

“retentisse-

ments pathologiques, en particu-

lier après 50 ans. Les presbytes

qui portent des lunettes, avec foyer

variable, auront tendance à regar-

der un écran en soulevant la tête

pour voir avec la partie inférieure

du verre. Cela entraîne, surtout si

l’écran est trop haut, des douleurs

cervicales”,

avertit Georges Jean-

Baptiste.Les muscles et les tendons

touchés sont essentiellement ceux

•••