

avril - mai 2016
•
anform !
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psycho
répétés. Elle se contente de relations
cordiales avec ses collègues.
“Et je ne
souffre plus. Je fais désormais le distin-
guo entre travail et vie personnelle. Et
même si certains de mes collègues ont
ma préférence, je ne les vois jamais à
l’extérieur. J’ai fait le bon choix. Cette
notion d’amitié est trop fragile au tra-
vail. Elle vole en éclats au moindre pro-
blème.”
PoSItIon doMInAnte
Dans l’amitié au travail,
“les enjeux
sont souvent inconscients,
précise
Karima Mebtouche-Carlon, thérapeute
comportementaliste,
ils sont de l’ordre
de l’estime de soi, la recherche d’une
forme de reconnaissance, le rapport à
l’autorité, la capacité à créer du lien
avec les autres, à travailler avec les
autres. Et cela va donner de multiples
profils comportementaux.”
Les per-
sonnes qui se lient d’amitié sur leur
lieu de travail ont des repères com-
muns.
“En analyse transactionnelle,
explique la thérapeute,
l’amitié naîtra
parce que la personne en face, pour
de multiples raisons, vous fait pen-
ser à un frère, une sœur, une figure
maternelle, paternelle qui va vous ras-
surer. Il y a aussi des blessures, des
frustrations qui vont bien s’emboîter
pour s’encourager, se soutenir notam-
ment devant la hiérarchie.”
Il est ce-
pendant certain que créer des amitiés
avec des personnes qui sont hiérarchi-
quement dans la même position reste
plus facile que s’il y a une différence.
Sandrine travaille au sein d’une collec-
tivité territoriale. Elle a débuté comme
agent de catégorie C et a rapidement
sympathisé avec l’un de ses collègues
qui est devenu un ami.
“Et il le serait
devenu même si je l’avais rencontré
en dehors de mon lieu de travail. Puis,
j’ai passé des concours internes, j’ai
gravi les échelons et suis devenue son
supérieur hiérarchique. Nous sommes
restés très complices mais d’autres
difficultés sont apparues notamment
lorsque je lui adressait des remarques.
Il manquait chroniquement de ponc-
tualité. Je le lui disais mais il s’en
amusait. Pourtant, je devais avoir le
même comportement avec lui qu’avec
ses collègues. Il aurait été beaucoup
plus réceptif à mes remarques, si nous
n’avions pas été amis.”
L’employé ne
perçoit plus son supérieur comme un
chef, mais comme celui avec qui il a
passé des bons moments le week-end
dernier.
“C’était moins compliqué pour
moi,
poursuit Sandrine,
car j’avais des
obligations de résultats donc moins
d’états d’âme et, par la force des
choses, je faisais la différence.”
La bonne attitude
• Prendre son temps et
accorder sa confiance
progressivement.
• Se fixer des règles. Par
exemple, ne jamais dévoi-
ler ses secrets.
• Discerner complicité et
amitié. Il suffit de se poser
la question suivante :
“Passeriez-vous vos
vacances avec vos collè-
gues ?”
• Se garder de tout commé-
rage. Ils gangrènent les
relations et peuvent géné-
rer de l’animosité entre les
membres d’un groupe.
• Rester clair avec ses amis
sur ses objectifs profes-
sionnels. Ne pas tricher,
respecter l’autre.
• Ne pas exclure les autres
d’une relation amicale
avec un collègue.
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