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anform !

février - mars 2016

question d'actu

•••

surveiller. Cette liste déconseille, par

exemple, de prendre certains antibio-

tiques (rifampicine) avec des antifon-

giques (voriconazole). Elle rappelle

qu'il est contre-indiqué de prescrire des

antibiotiques (cyclines) avec de la vita-

mine Aau risque de provoquer de l'hy-

pertension intracrânienne. L'ANSM rap-

pelle aussi que le jus de pamplemousse

interagit avec certains médicaments.

Il augmente la fréquence et la gravité

des effets indésirables de certains anti-

cholestérols, de certains immunosup-

presseurs, d'un antidépresseur et d'un

médicament utilisé contre le cancer du

sein. Cette liste n'est cependant que la

partie émergée de l'iceberg, comme

l'explique l'un des auteurs de la publi-

cation, Patrick Balaguer (Institut de re-

cherche en cancérologie, Montpellier) :

“Pour parvenir à identifier une paire de

substances actives en interaction, nous

avons seulement testé 40 molécules,

sur un seul récepteur. Cela suggère que

le phénomène est assez courant.”

On

estime, en effet, qu'il ya 150 000 subs-

tances chimiques en circulation dans

l’environnement et notre corps com-

prend des milliers de récepteurs dif-

férents. Sans compter qu'on peut

envisager des interactions à 2, à 3 ou

4 molécules... Pourra-t-on un jour éva-

luer toutes ces interactions ? À l'heure

où les législations nationales et inter-

nationales peinent à imposer des régle-

mentations de plus en plus lourdes dans

la commercialisation des substances

chimiques, la tâche semble démesurée.

À moins que l'informatique ne vienne

à l'aide des pharmacologues. L'équipe

montpelliéraine continue son travail et

espère pouvoir créer un modèle infor-

matique capable de prédire l'activité des

combinaisons de différentes molécules.

Des

interactions

bénéfiques !

Les interactions

médicamenteuses ne sont

pas forcément nocives.

Le généticien français

Daniel Cohen a eu l'idée

de mettre au point des

traitements à partir de

plusieurs molécules

actives à très faible dose.

Pour les développer, il a

créé en 2007 l'entreprise

Pharnext :

“Nous tirons

parti des interactions

de substances actives

pour mettre au point des

traitements nouveaux.

L'avantage, c'est que cette

approche permet d'être

efficace avec des doses de

médicaments très faibles,

parfois 100 fois inférieures

au seuil d'efficacité des

principes actifs utilisés

seuls. Cela augmente

notablement la tolérance,

en réduisant le risque

d'effets indésirables.”

La

société a développé deux

familles de mélanges qui

sont actuellement testées

sur des malades souffrant

d'atteintes nerveuses.