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“Certains

antibiotiques à

large spectre sont

soupçonnés de faire

baisser l'efficacité

des contraceptifs

oraux.”

© HEMERA

février - mars 2016

anform !

15

question d'actu

•••

montpelliéraine l'a observé en direct.

En septembre dernier, elle a publié

des images inédites présentant deux

substances unies pour déclencher, en-

semble, une réaction cellulaire qu'elles

ne déclencheraient pas isolément. On

y voit les deux molécules à l'intérieur

d'un récepteur, un de ces “interrup-

teurs” qui déclenchent l'activité de nos

cellules. Les deux molécules prises en

flagrant délit d'interaction ne sont pas

anodines. L'une est un composant

d'un pesticide, le chlordane, interdit

au début des années 1980, mais que

l'on détecte encore souvent dans la

population car il persiste longtemps

dans l'environnement. La seconde est

un œstrogène utilisé dans les pilules

contraceptives.

RISQUE MAL ÉVALUÉ

L'effet cocktail ici observé explique

comment agissent certains polluants,

les fameux perturbateurs endocriniens.

Hébergés par nos tissus, ils modifient

l'effet des médicaments que l'on prend.

Ici, l'effet des œstrogènes est décuplé

en présence du pesticide. L'expérience

a été menée sur des cellules, dans un

laboratoire, et reste très théorique. Diffi-

cile de dire si les personnes qui ont été

exposées à tel ou tel pesticide risquent

de connaître des effets indésirables en

prenant telle ou telle pilule. Mais cette

expérience met le doigt sur la nécessité

d'évaluer non seulement les effets des

médicaments eux-mêmes, mais aussi

de leurs interactions. Or aujourd'hui,

on n'exige pas des firmes pharmaceu-

tiques qu'elles évaluent les interac-

tions médicamenteuses lors de leur

demande d'autorisation de mise sur le

marché (AMM). Que ce soit pour mesu-

rer l'efficacité d'un médicament ou la

toxicité d'un polluant, et que les tests

aient lieu au laboratoire sur des cellules

ou en clinique sur des humains, on teste

en général une seule substance active

à la fois. Une situation bien éloignée de

la réalité. Il est rare qu'une prescription

médicale ne comporte qu'un principe

actif. Et même si c’était le cas, nos

organismes sont imprégnés de nom-

breuses autres molécules actives qui

proviennent de l'air que nous respirons

ou des aliments que nous ingérons.

CONTRE-INDICATIONS

Alertée de ce danger, l'Agence natio-

nale de sécurité des médicaments et

des produits de santé (ANSM) a consti-

tué, en 2013, un groupe de travail sur

les interactions médicamenteuses. Ce

groupe, constitué d'une vingtaine d'ex-

perts, évalue les risques à partir de cas

qui leur sont soumis par des médecins

ou à partir de la bibliographie. Il publie

sur internet une liste de médicaments

susceptibles d'interagir. La liste, des-

tinée aux professionnels de santé, est

réactualisée une à deux fois par an.

Elle recense aujourd'hui des milliers

de médicaments ou substances dont

le mélange est formellement contre-

indiqué, simplement déconseillé ou à