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anform !

décembre - janvier 2016

Lorsque Gilbert Pounia se prépare

un carry de poisson, il va lui-

même jeter ses hameçons du côté

de Sainte-Rose avec des amis.

Sa recette, il l'adapte ensuite, en

y ajoutant des fruits de saison

comme les mangues vertes, les

bilimbis ou les caramboles, pour

ajouter une note d'acidité au plat.

En musique comme en cuisine, le

leader de Ziskakan aime innover

et inventer. Pour préparer son

carry, Gilbert Pounia fait d’abord

revenir les oignons, l'ail, le

gingembre, le thym et le safran.

Il ajoute ensuite les tomates qu'il

laisse fondre à petit feu, puis le

poisson, de préférence du macabi

ou de la dorade, les lamelles de

mangues, caramboles ou bilimbis,

puis force le feu jusqu'à la fin de

la cuisson.

Le carry de poisson de Gilbert Pounia

Lélé, le Rwa kaf. C'était une période

où il se passait quelque chose dans

le monde, et il y avait un fort besoin

de recherche d'identité, de dire qui on

est.”

Fort de ses différentes rencontres,

Gilbert Pounia décide de militer pour la

défense de la langue créole. Avec ses

amis penseurs et musiciens, il fonde le

groupe Ziskakan, en 1979. Un groupe

qui au départ fait office de laboratoire

d'études pour la langue créole.

“La

musique est venue comme soutien

pour porter des textes qui n'avaient

pas d'impact. Mais aussi, par amour

pour l'écriture, pour des textes qui

disaient ma façon de penser, de voir

les choses, pour parler de tout ce qui

se passait dans notre société, de cette

misère affective, sociale, économique,

des rapports dominant/dominé entre

les hommes et de toutes ces choses

dramatiques qui étaient passées sous

silence.”

36 ans et pas une ride

En 1992, il quitte son métier d'édu-

cateur spécialisé et signe un contrat

pour 5 albums avec Polygram. Le pre-

mier d'entre eux l'amènera à faire une

tournée aux États-Unis, avec des musi-

ciens réunionnais. Il jouera à Central

Parc, à Los Angeles, Washington, et

sera classé au Top 10 en Californie. Il

connaîtra ensuite la consécration avec

son deuxième album, pour lequel il

recevra un Kora Award en Afrique du

Sud, dans la catégorie meilleur artiste

d'Afrique, et enchaînera des tournées

dans le monde entier. Gilbert Pounia,

le charismatique leader du groupe

Ziskakan est toujours d'attaque. Il a

même sorti son quinzième album fin

2015, un disque 100% live. En 36 ans

de carrière, ni lui, ni son groupe, ne

semblent avoir pris une

seule ride.

“On dure. Et

on a un public autant

de jeunes que d'an-

ciens. C'est encoura-

geant. Quand on joue,

c'est souvent à gui-

chet fermé. Les salles

sont toujours pleines,

même après toutes

ces années.”

Gilbert

Pounia a encore des

projets pour Ziska-

kan. Des tournées en

Métropole et en Chine

sont prévues courant

2016. Et, pourquoi

pas, un clip dans les

rues de Port-Louis.

“Ici, on continue nos

concerts de proximité, sur différentes

scènes à travers l'île, mais aussi au

“Zinzin”, le restaurant familial, à la

foi lieu de spectacle proposant diffé-

rents styles de musique, et école de

musique (dirigée par Daniel Riesser),

de théâtre et de danse. Nous souhai-

tons y accueillir des groupes de toute

l'île et avoir le public le plus large pos-

rencontre

•••

© soNiA DELEcoURt

sible.”

Dans ce haut lieu culturel, où

l'on peut écouter des disques vinyls,

lire des bandes dessinées, des livres

et des romans en créole, le chef cuis-

tot n'est autre que Gilbert Pounia. Il

vous fera découvrir ses spécialités à

base de poissons et de fruits de mer,

tout en vous chantant la sérénade

avec son fils.