

décembre - janvier 2016
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anform !
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A
vec son éternelle crinière
qui s'envole au grès du
vent, sa simplicité légen-
daire et son regard em-
preint de malice et de douceur, Gilbert
Pounia nous accueille sur la plage de
Grand-Bois, juste en face du Zinzin, un
restaurant qui appartenait à sa famille
et qui a vocation à devenir un haut
lieu culturel.
Loin des podiums
Ce quartier, il le connaît si bien que
tout le monde le salut amicalement.
C'est ici, loin des podiums et des
lumières qu'il est né et a passé ses
premières années.
“J'ai grandi chez
mes grands-parents, dans un environ-
nement rempli d'affection et d'amour.
C'était notre principale richesse. J'ai
gardé de bons souvenirs de cette
époque. Dans la famille, on avait
un cahier de romance, dans lequel
étaient écrites des chansons. Tout
le monde chantait. C'était un loisir.
Le dimanche, quand mes oncles,
tantes et amis venaient à la maison,
on s'échangeait les chansons.”
Dans
son village, où vivent de nombreuses
familles de musiciens, le jeune Gilbert
écoute, regarde et se laisse séduire
par la musique.
“J'ai appris la musique
en écoutant des orchestres. Quand ils
jouaient, dans une salle verte, même
si je n'étais pas invité, j'écartais les
feuilles pour les regarder. Très jeune,
j'ai eu la chance de pouvoir toucher
des instruments sans savoir jouer.
Et puis à 15 ans, j'ai eu une guitare
que je grattais sans jamais apprendre
un morceau. J'aimais inventer. Il n'y
avait pas d'école de musique, la seule
était l'école de bal. Je regardais les
musiciens jouer et les admirais. Ils me
faisaient voyager et m'apportaient du
bonheur.”
Dire qui on est
Voyager, Gilbert le fera bien plus tard,
quand il s'envolera pour la Métropole
où il intègre une école d'éducateur
spécialisé. Là, curieux et boulimique
de découvertes, il rencontre des musi-
ciens et des organisateurs de concerts
avec qui il se lie d'amitié, profitant de
chaque rencontre pour s'ouvrir l'esprit.
Àson retour à La Réunion, en 1976, il
travaille comme éducateur spécialisé.
Mais il a toujours dans son cœur un
appel qui résonne.
“La musique est
venue en rencontrant des penseurs
comme Alain Armand, Bernard Payet,
Carpanin Marimoutou, Axel Gauvin,
Anny Grondin, Sully Andoche, mais
également des chanteurs de maloya
comme Firmin Viry, Michel Lagarigue,
Alain Peters, Gramoun Baba, Gramoun
rencontre
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