

mai - juin 2016
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anform !
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ma
santé
plus difficile le traitement des infec-
tions bactériennes. Selon l'ANSM,
les infections résistantes aux
antibiotiques feraient aujourd'hui
25 000 morts par an en Europe. Or,
la recherche de nouveaux antibio-
tiques semble au point mort.
THÉRAPIE PROMETTEUSE ?
Les bactériophages pourraient
constituer une alternative intéres-
sante. Ces virus s'avèrent extrê-
mement nombreux. C'est simple,
partout où il y a des bactéries,
on trouverait des bactériophages
capables de les tuer. Chaque virus
bactériophage est spécifique d'un
très petit nombre de bactéries. Par-
fois, un virus n'est adapté qu'àune
seule souche de bactéries, prolifé-
rant dans une petite niche environ-
nementale. On estime la population
de virus bactériophages àplusieurs
centaines de millions d'espèces.
En avril 2015, une équipe de l'Ins-
titut national de la santé et de la
recherche médicale (Inserm) en
collaboration avec l’Institut Pasteur,
publie les résultats d'un essai de
phagothérapie sur des souris. Des
médecins de l’hôpital Louis Mourier
à Colombes (Hauts-de-Seine), ont
infecté des souris avec des bacté-
ries
Escherichia coli
provenant de
malades atteints de pneumonie
sévère. Ils ont ensuite isolé, à par-
tir d’eaux usées (des milieux très
riches en bactériophages), des virus
qui se montraient capables d'atta-
quer ces
E coli
en culture. Puis ils
ont appliqué ces virus aux souris
malades… qui ont guéri ! Du coup,
la phagothérapie pourrait revenir sur
le devant de la scène. Elle est tou-
jours pratiquée dans certains pays
de l'Est (Géorgie, Pologne), souvent
à titre compassionnel. Mais avant
Effets
secondaires ?
un des grands atouts
de la phagothérapie
est qu'elle ne semble
pas engendrer d'effets
secondaires. Et pour
cause, les bactério-
phages sont tellement
spécifiques d'une
souche bactérienne
donnée, qu'ils sont
inoffensifs sur toutes
les autres cellules, que
ce soient des cellules
humaines ou des
bactéries “commen-
sales” (bénéfiques au
fonctionnement de
notre organisme).
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