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anform !
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mai - juin 2016
Phagothérapie,
des virus qui
guérissent !
Certains virus
s'attaquent aux
bactéries. Leur
utilisation permettrait
de lutter contre des
infections devenues
résistantes aux
antibiotiques.
Par anne DeBrOiSe
ma
santé
Le mal par le mal
O
n les appelle les
“mangeurs de bacté-
ries”
ou, plus scienti-
fiquement, les bacté-
riophages. Ce sont des virus. Mais
au lieu de s'attaquer aux cellules
humaines, ces virus s'attaquent à
des bactéries. Et si ces bactéries
sont pathogènes pour l'homme,
c'est tant mieux ! Leur utilisation
pour guérir une maladie humaine a
été baptisée phagothérapie.
INFECTIONS GRAVES
La phagothérapie a fait l'objet d'un
colloque àl'Assemblée nationale le
18 février 2016. Un mois plus tard,
le 18 mars, l'Agence nationale de
sécurité du médicament (ANSM)
crée un comité chargé de donner
un avis sur des cas extrêmes dans
lesquels des médecins pourraient
utiliser des bactériophages, afin
de soigner des malades souffrant
d'infections graves, résistantes aux
antibiotiques. En attendant que des
recherches cliniques définissent
exactement l'intérêt, les risques et le
mode d'utilisation de cette thérapie,
son usage est interdit en France.
Elle fut pourtant pratiquée au début
du XX
e
siècle. Découverte àla veille
de la Première guerre mondiale, la
phagothérapie s’est développée
dans les années 1920 et 1930.
Mais elle fut rapidement délaissée
au profit des antibiotiques, plus fa-
ciles àmanipuler, et dont l'efficacité
a bouleversé la médecine et sauvé
des millions de vies. Aujourd'hui,
cette efficacité s'est émoussée. Les
bactéries pathogènes ont évolué et
développé des résistances contre
des antibiotiques rendant de plus en
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